Vers une guerre avec le Hezbollah… puis l’Iran ? L’autre conflit qui terrorise Israël - Par Alexandre del Valle et François Chauvancy


Vu de loin, le conflit israélo-palestinien est souvent perçu comme celui du fort contre le faible. Dans l’environnement géopolitique qui est le leur, les Israéliens, eux, ont une perception totalement différente. Et n’avaient pas eu aussi peur pour la survie même de leur État que depuis 1967.


Atlantico : Gaza, le Hezbollah, les Houthis… Les ennemis de l’Etat Hébreu sont nombreux. Dans quelle mesure faut-il voir dans ces conflits annexes ou proxy une tentative, pilotée par l’Iran notamment, d’épuiser Israël avant un affrontement final ?

Alexandre del Valle :
Rappelons, tout d’abord, que l’Iran essaie de négocier la sortie totale ou partielle des sanctions. C’est pour cela qu’il se sert de son pouvoir de nuisance, ce qui constitue l’une de ses tactiques classiques. Entre 1986 et 1989, la France devait de l’argent au précédent Chah d’Iran, qu’elle n'entendait alors pas donner au nouveau régime. Pour récupérer le montant dû, l’Iran a décidé de négocier à la dure : il a fait pleuvoir des attentats à Paris. Depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, le régime négocie un allègement des sanctions économiques et force est de constater que des avoirs ont été dégelés en septembre dernier. On parle tout de même de 6 milliards, qui étaient conservés en Thaïlande. Un pas a été fait. L’Iran essaie aussi de montrer son pouvoir de nuisance (c'est-à-dire sa capacité à bloquer la Mer Rouge, à déstabiliser Israël, le Yémen ou l’Irak, etc) pour obtenir la bombe nucléaire. C’est une façon de rappeler qu’il n’est simplement pas possible de l’ignorer, quitte à se calmer après avoir acquis ce qu’il souhaite obtenir.

Ce contexte posé, il faut aussi souligner que c’est l’Iran qui a nommé Yahya Sinwar, le chef du Hamas à Gaza. Il arme aussi les Houthistes du Yémen, de même que les milices pro-iraniennes qui arpentent l’Irak depuis l’assassinat de Qassem Soleimani. Il est évident qu’il y a un jeu de l’Iran. Mais il ne faut pas penser que l’Iran est seul à jouer : chaque régime répond à son propre agenda, chaque organisation joue sa propre main. Certaines ont particulièrement intérêt à capitaliser sur ce qu’il se passe à Gaza, puisque c’est l’opportunité pour elles de faire montre à quel point elles sont farouchement opposées à Israël. C’est le cas des Houthistes, chiites, qui occupent des territoires sunnites. C’est une façon pour eux de faire accepter leur légitimité auprès des populations sunnites locales. C’est vrai aussi du Hezbollah, qui assure sa légitimité en expliquant qu’il n’a rien d’une force d’occupation iranienne : il préfère se définir comme une force de résistance contre le sionisme.

L’agenda iranien existe, c’est indéniable. Mais il vient s’ajouter à une série d’agendas propres qu’il ne faut pas sous-estimer.

François Chauvancy : La situation actuelle est complexe. Il y a, d’une part, les accusations permanentes contre l’Iran, que l’on soupçonne régulièrement d’être derrière tout ce qui se passe au Moyen-Orient. Il y a aussi les menaces proférées par l’Iran à l’encontre d’Israël. La question qui compte, donc, c’est celle de la vérité. Où se trouve-t-elle ? C’est-là qu’est toute la difficulté. Il est indéniable qu’il s’est créé un arc chiite de l’Iran au Liban. Il est exact aussi que l’Iran chiite soutient le Hamas sunnite, ce qui relève du paradoxe à certains égards. De même, il ne faut pas non plus perdre de vue que la volonté de l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire est un puissant facteur de déstabilisation dans la région ; d’autant qu’il s’agit – rappelons-le – d’une République islamique qui n’hésite pas à afficher sa vocation révolutionnaire.

Ce premier point évoqué, il faut aussi rappeler que l’action iranienne s’inscrit dans un certain cadre. Il s’agit d’une nation qui se pense comme une grande puissance régionale et qui estime qu’elle devrait être reconnue pour sa civilisation, laquelle remonte au moins à la Perse et peut se targuer de plus de 2500 ans d’âge. De quoi ne pas être méprisés, y compris par l’Occident. Or, depuis 1979, l’Iran est enfermé dans un affrontement permanent avec les Etats-Unis d’Amérique, la première puissance occidentale. Les sanctions économiques décidées et appliquées par les Etats-Unis ont poussé l’Iran à trouver des voies de sorties, qui a opté pour la déstabilisation dans l’espoir de finalement gagner la reconnaissance qu’il estime ne jamais avoir eue.

Nous ne pouvons pas exclure, en effet, une volonté de l’Iran d’épuiser Israël. Ce serait une stratégie complexe, qu’il est tout à fait envisageable que l’Iran tâche de mener à bien, d’autant que la guerre contre Gaza force l’Etat Hébreu à mobiliser des centaines de milliers de réservistes. Cela n’est pas sans coût pour la société (et il va de soi que les réservistes en question ne travaillent plus pour faire tourner l’économie). L’hypothèse d’un épuisement économique, qui finirait nécessairement par susciter un profond mécontentement politique en Israël, est plausible. D’autant qu’il apparaît envisageable de capitaliser sur la faiblesse de Benjamin Netanyahou dans l’opinion publique israélienne.

Soyons clairs : il ne s’agit pas d’éprouver l'État hébreu à l’aide d’actions directes. On ne parle pas, ici, d'affrontement d’armées à armées ou d’Etat à Etat. Il s’agit de susciter suffisamment de déstabilisation ainsi que de facteurs de récrimination pour que l'État cible – Israël, dans le cas présent – se retrouve affaibli et soit obligé de composer avec l’Iran, en l'occurrence. L’objectif, à l’évidence, est multiple. D’abord, il s’agit de placer sur un pied d’égalité les Etats israéliens et palestiniens, mais aussi d’empêcher le premier de s’en prendre à l’Iran, si celle-ci obtenait l’arme nucléaire. Enfin, et cela a été dit à plusieurs reprises, la disparition de l’Etat d’Israël figure également parmi les ambitions de l’Iran, qui cherche à retrouver une souveraineté musulmane (chiite ou sunnite) sur certains des lieux saints de l’Islam.

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