Rémi Brague: «Pour notre civilisation, je préfère parler d’espérance que d’espoir»

LE FIGARO.- Nos sociétés déchristianisées sont-elles désemparées face au retour de la mort dans nos vies, sous la forme de chiffres, hécatombes quotidiennes?
Rémi BRAGUE.- Notre attitude envers la mort est ambivalente. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour l’éviter en adoptant des conduites prudentes, et en cherchant des remèdes aux maladies- ce qui est très bien. Mais nous cherchons aussi à la chasser de nos pensées, à l’oublier, à faire comme si elle ne sera jamais la nôtre. Ceci d’une part. Et d’autre part, plus secrètement, nous la considérons comme quelque chose d’ultime. Regardez la célèbre phrase de Nietzsche, «Dieu est mort». Si elle est vraie, cela signifie que la mort a eu raison de ce qu’il y a de plus haut et de plus saint, et qu’elle s’est avérée plus forte que Lui. Et si la puissance est la mesure de la divinité, cela implique que la mort est plus divine que le Dieu qu’elle a vaincu. De la sorte, «Dieu est mort» se retourne logiquement en «la mort est Dieu». Cette quasi-divinisation de la mort expliquerait assez bien pourquoi on la tait: une divinité est ce dont on ne prononce pas le nom en vain.
Une des leçons de cette crise, c’est que le règne de l’économie s’est figé pour laisser place au souci des plus vulnérables. N’est-ce pas le signe que nous sommes, malgré tout, encore catholiques?
En tout cas, que nous soyons marqués par une culture chrétienne est une grosse évidence, même pour ceux qui le regrettent. Les hindous, quand ils croient encore à la réincarnation, pensent que tout malheur est mérité, qu’il punit des fautes commises dans une vie antérieure, qu’il permet aussi d’expier. Mère Teresa, qui cherchait à soulager la souffrance des mourants, était très mal vue des hindous des hautes castes. Pour ceux-ci, elle ôtait aux malheureux la chance d’une meilleure incarnation la prochaine fois. Croire que les victimes doivent être secourues, quels qu’elles soient, et en particulier quelle que soit leur religion, leur utilité sociale, leur âge, simplement parce que ces gens sont «mon prochain», est une croyance d’origine chrétienne. Elle s’illustre dès la parabole du «bon samaritain».
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