Jean de Kervasdoué – La couleur de l’hydrogène vire au noir
L’hydrogène n’est pas l’énergie miracle pour lutter contre la pollution. Au contraire, il rejette plus de gaz à effet de serre que nos moteurs diesel.
Tandis que la Chine continue de construire des centrales électriques à charbon au rythme d’une par semaine, annihilant ainsi les efforts de l’Europe et de l’Amérique du Nord dans leurs tentatives de réduire les rejets de gaz à effet de serre, quatre régions françaises (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie), elles aussi, y contribuent (certes plus modestement), vraisemblablement sans le savoir. Elles s’enorgueillissent en effet d’avoir commandé à Alstom des trains à hydrogène. Livrés en 2025, ils sont financés aux deux tiers par ces régions et un tiers par l’État. Les élus de ce consortium communiquent abondamment, car, selon eux, cette commande serait une contribution majeure à la lutte contre le réchauffement climatique et le nec plus ultra de la modernité.
À l’évidence, ils connaissent peu l’histoire, la chimie et la thermodynamique des moteurs à hydrogène… En la matière, ils ne sont pas seuls : rappelons que le gouvernement français s’est engagé à investir plus de 8 milliards d’euros dans la filière hydrogène, soit dix fois plus que dans la filière nucléaire tellement plus prometteuse et sur laquelle ne pèse pas d’incertitude technique majeure !
Le premier moteur à hydrogène date de 1804. En 1859, un Français, Étienne Lenoir, dépose un brevet pour un moteur à combustion interne dont le gaz explosif est l’hydrogène. Si les moteurs à pile à combustible sont récents, il en existe des prototypes depuis 1839. Outre des voitures, des trains et des bateaux à hydrogène, nul ne doute que l’on pourra aussi faire voler des avions propulsés par des moteurs à hydrogène. Toutefois, le fait que ce soit possible depuis bientôt deux siècles ne veut pas dire que cela soit promis à un bel avenir.
