"Occident a-t-il encore un avenir ?" - Par Joshua Mitchell, Pierre Manent et Pascal Bruckner

Le 11 septembre 2001, les tours jumelles du World Trade Center s’effondraient à New York, et avec elles, nombre d’illusions intellectuelles. Le rêve d’une paix perpétuelle, d’une mondialisation heureuse et d’une convergence démocratique laissait place au retour du tragique. Vingt ans plus tard, les talibans sont de nouveau maîtres de l’Afghanistan, des régimes autoritaires s’assument et l’islamisme triomphe en plusieurs points du globe. L’Occident a-t-il encore un avenir?


Joshua Mitchell : «L’Occident a une telle culpabilité qu’il est prêt à détruire sa civilisation pour en sortir»



GRAND ENTRETIEN - Professeur de théorie politique à l’université de Georgetown, spécialiste de Tocqueville, Joshua Mitchell est «Washington fellow» au centre pour le mode de vie américain de l’Institut Claremont. Dans un livre percutant, American Awakening, il déchiffre le caractère profondément religieux du mouvement identitaire de la gauche américaine, qui vise à purger l’Occident de ses «péchés».


LE FIGARO. - C’est dans un contexte sombre que l’Amérique commémore le 20 anniversaire du 11 Septembre. Vingt ans après les attaques contre les tours jumelles, les États-Unis ont quitté l’Afghanistan dans un contexte de débâcle géopolitique. Les talibans sont de retour au pouvoir, la menace terroriste islamiste est plus présente que jamais et les Américains sont empêtrés dans une crise démocratique profonde. Assistons-nous au crépuscule de la puissance américaine? L’esprit de faction prospère. Comment définiriez-vous ce moment politique? Assistons-nous au crépuscule de la puissance américaine? Ou sommes-nous en 1979 “sous Carter”, à la veille d’une nouvelle surprise de la part d’un pays qui a rebondi maintes fois?

Joshua MITCHELL. -
Deux décennies ont déjà passé depuis ce jour terrible du 11 septembre 2001. Beaucoup d’entre nous se souviennent de l’endroit où nous étions, de l’incrédulité et de la détresse que nous avons ressenties, de la vengeance que nous avons recherchée. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a raconté aux Américains que la modernisation balaierait les préjugés de la nation, de la religion et des liens tribaux, que l’Amérique était la «cité sur la colline» dont la lumière illuminerait le chemin menant vers la modernisation. Septembre 2001 a été la confirmation brutale, pour la psyché américaine, que cette histoire de modernisation était fausse. Les néolibéraux, qui gardent largement le contrôle des affaires, pensent, comme ils le pensaient alors, que le monde peut se moderniser à travers la propagation de «normes globales». Le fait que le secrétaire d’État Antony Blinken ait donné l’ordre aux ambassades, à travers le monde, de faire flotter le drapeau de la Gay Pride est la preuve qu’un néolibéralisme naïf est toujours en vigueur sous Biden. L’Afghanistan est tombé en un week-end! Cela ne montre-t-il pas à quel point les «normes globales» sont faibles dans ce pays en guerre?

«L’Occident a une telle culpabilité qu’il est prêt à détruire sa civilisation pour en sortir» (lefigaro.fr)

Pierre Manent-Pascal Bruckner : «Le pire ennemi de l’Occident, c’est l’Occident lui-même»



GRAND ENTRETIEN - Vingt ans après les attentats du 11 Septembre, les talibans sont de nouveau maîtres de l’Afghanistan, des régimes autoritaires s’assument et l’islamisme triomphe en plusieurs points du globe. L’Occident a-t-il encore un avenir? Pierre Manent et Pascal Bruckner en débattent.


LE FIGARO. - Il y a vingt ans avaient lieu les attentats du 11 Septembre. Comment avez-vous perçu cet événement à l’époque? A-t-il bouleversé chez vous des certitudes intellectuelles?

Pierre MANENT. -
Je me souviens fort bien de cette fin de journée et de mes sentiments sur le moment et les jours suivants. Stupeur d’abord bien sûr, mais surtout colère et humiliation: la ville-monde était frappée avec une diabolique habileté et férocité, je me sentais moi aussi atteint et humilié, je désirais vivement que le crime fût puni et l’affront vengé, et pour cela que les Américains frappent durement ceux qui venaient de les attaquer. Ils frappèrent durement certes, mais au lieu de s’en tenir là - de s’en tenir à la légitime rétribution -, ils s’engagèrent dans une action indéfinie qui, vingt ans après, s’achève par une défaite éclair. Jamais les Américains n’ont aussi mal conçu, mal conduit, mal conclu une entreprise.

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