Donald Trump a un vrai plan de paix pour l’Ukraine qui n’a rien de complaisant vis-à-vis de la Russie (mais tout le monde feint de l’ignorer) - Par Florent Parmentier et Viatcheslav Avioutskii

Donald Trump a un vrai plan de paix pour l’Ukraine qui n’a rien de complaisant vis-à-vis de la Russie (mais tout le monde feint de l’ignorer). Ce plan a pourtant été présenté à différentes reprises par Mike Pompeo, son ancien secrétaire d’Etat.


Florent Parmentier est enseignant à Sciences Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC. Il est le créateur avec Cyrille Bret du blog Eurasia Prospective.
Viatcheslav Avioutskii est spécialiste des relations internationales et de la stratégie des affaires internationales.
 
Atlantico : Mike Pompeo, l’ancien secrétaire d’Etat américain, a présenté le plan de Donald Trump concernant la guerre en Ukraine. Quel est le contenu de ce plan de paix de Donald Trump pour l’Ukraine et en quoi n’a-t-il rien de complaisant vis-à-vis de la Russie ?

Florent Parmentier :
En matière de politique étrangère, le Président formule les grandes lignes de la stratégie, signe les traités, négocie directement avec les leaders étrangers et a le pouvoir d'utiliser les forces armées dans certaines limites. L’élection de Donald Trump peut d’autant plus marquer un tournant que, contrairement au premier mandat, il disposera à ses côtés du Congrès, de la Chambre des représentants et de la Cour suprême, ainsi que d’élites prêtes à mettre en œuvre sa vision pour le pays. Il est également dégagé de cette accusation de collusion avec la Russie qui avait gâché son premier mandat.

Aussi, il faut également savoir à qui s’adresse ce plan. Un plan de paix comme celui que formule Mike Pompeo peut s’adresser à plusieurs interlocuteurs, aussi bien en interne qu’en externe. A l’interne, au parti Républicain et au Congrès, où il s’agira d’embarquer les Républicains soutenant l’Ukraine et des Démocrates modérés, à l’instar du Sénateur Lindsey Graham, très hostile à la Russie. Chez les Européens, la perspective de ce plan pourrait rassurer les alliés européens en garantissant une implication américaine sans escalade prolongée et coûteuse. En réponse à la « fatigue de guerre » qui se fait sentir, cela pourrait in fine encourager les Européens à soutenir une issue négociée. En Ukraine, le plan pourrait inclure des assurances pour la souveraineté et la sécurité territoriale de l'Ukraine, ainsi que des garanties sur la reconstruction.

Toutefois, il faut rappeler que Mike Pompeo n’incarne pas nécessairement une vision majoritaire dans l’entourage de Donald Trump. Le vice-Président J.D. Vance est un critique acerbe du soutien américain à l’Ukraine, et Elon Musk avait lui-même proposer un plan de paix différent dès octobre 2022.

Viatcheslav Avioutskii :
Les propositions de Mike Pompeo concernent une sorte d'échange. Les États-Unis s'engagent à prêter à l'Ukraine 500 milliards de dollars, à soutenir financièrement Kiev tout en augmentant la capacité pour l'Ukraine d'acheter des armes américaines. Ces investissements et ces achats de l’Ukraine vont réinjecter de l’argent dans l'économie américaine. La solution du prêt-bail avait été déjà proposée par Joe Biden. Des sommes d'argent sont octroyées à l'Ukraine mais cet argent ne passe pas par ses mains mais est directement injecté dans le complexe militaro-industriel.

Mais cette aide financière, cet argent, même dans de grandes quantités, ne permet pas directement de gagner la guerre. Une armée motivée, entraînée et bien équipée permet de gagner la guerre et de faire la différence sur le terrain pour aboutir à des négociations ou à une paix durable après une victoire militaire. Des renforts de troupe extrêmement nombreux pourraient être nécessaires pour faire face à la Russie.

Si demain Donald Trump décide d’octroyer ce prêt à l'Ukraine, il y aura naturellement des commandes d’armes par Kiev. Mais les cycles de production sont très longs. Pour produire des pièces d'artillerie, de longs mois sont nécessaires. Pour augmenter la production d'obus, il faut entre un et trois ans pour construire de nouvelles usines ou pour augmenter les capacités de production existantes. Le principal problème qui existe en Ukraine et pour le chemin de la paix ne concerne pas réellement le manque d'argent. Il s’agit du manque d'armes disponibles dans l'ensemble des pays du bloc occidental. Avec la fin de la guerre froide, les capacités de production ont été réduites et les stocks sont limités. Les pays occidentaux ne peuvent pas dégarnir leurs propres stocks afin de se prémunir face à d’éventuelles menaces.

La bureaucratie pose aussi un problème pour acheminer l’aide à l’Ukraine. Il y a une bureaucratie qui est très lourde entre la décision de livrer des armes et la livraison réelle. Il peut se passer des mois, voire des années. Chaque nouveau type d'arme devait passer toute une série d’autorisations. Les Ukrainiens doivent aussi apprendre à manipuler ces armes, notamment concernant la livraisons d’avions F-16. Il va falloir former des pilotes pour leur utilisation sur le front.

La version du plan de paix qui est présentée par Mike Pompeo repose sur une sorte d’accord avec Vladimir Poutine. Il y a un conditionnement lié au prêt bail. Les Etats-Unis arrêteront de fournir des armes et de soutenir financièrement Kiev si la Russie restitue certains territoires, dont le Donbass, à l’Ukraine.

Reste à savoir si Vladimir Poutine sera prêt à accepter ces conditions et à rendre ces territoires qu’il a conquis avec beaucoup de difficultés, avec beaucoup de victimes et qui ont été déjà annexés par la Fédération de Russie, qui font dorénavant partie du territoire qui figure dans la Constitution. Rien n’indique pour le moment que Vladimir Poutine va accepter cet accord et le plan de paix américain.

Cette proposition de Mike Pompeo repose notamment sur des interprétations et des déclarations de certains propos isolés de Trump, dans le cadre d’échanges qui ont eu lieu pendant la campagne électorale entre Pompeo et Trump. Tous les contours des enjeux du plan de paix et des solutions pour l’Ukraine n’ont pas forcément été explicitées. Donald Trump pourrait proposer d’autres plans et de nouvelles solutions.

Le camp démocrate avait aussi un plan pour négocier une forme de paix avec la Russie en gelant la ligne de front actuelle et avec une condition. L'Ukraine devait renoncer à entrer dans l’OTAN pour une période de 20 ans. Le soutien à l’Ukraine, notamment pour la reconstruction, serait ensuite assuré par les pays européens. Il faudrait ensuite placer des troupes pour séparer les deux belligérants.

Dans le cadre des plans de paix, les Etats-Unis n’ont pas l’intention d’envoyer des soldats américains en Ukraine pour qu’ils se battent sur le front.

Les propositions américaines et le plan de paix de Donald Trump et de Mike Pompeo garantit le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine. Les armes pourraient être fournies directement par les Européens et les munitions par les Etats-Unis. Avec l’accord de paix, il y aura une diminution drastique de ce type d’échanges.

Reste à savoir si les Ukrainiens seront d'accord pour mettre un terme à la guerre ? Le troisième “anniversaire” du début du conflit approche. La guerre est très violente. Il y a plusieurs centaines de milliers d'hommes en armes qui sont sur le front et qui sont en train de reculer mais ils sont très motivés. Il y a une fatigue de la guerre qui commence à s'installer chez les civils en Ukraine. L’armée ukrainienne va-t-elle accepter de geler le conflit ?

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