La Russie nous menace de la Troisième Guerre mondiale. Et après? - Par Michel Olhagaray et Galia Ackerman

Le président Vladimir Poutine a signé mardi 19 novembre le décret élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire, juste après que les États-Unis ont autorisé Kiev à frapper le sol russe avec ses missiles ATACMS.


Atlantico : Le président russe Vladimir Poutine a récemment déclaré que Moscou pourrait envisager l'utilisation d'armes nucléaires si le pays était soumis à une attaque de missiles conventionnels soutenue par une puissance nucléaire. Que contient cette révision de la doctrine nucléaire russe, et pourquoi intervient-elle maintenant ?

Michel Olhagaray :
La doctrine nucléaire russe évolue actuellement de manière pragmatique, c'est-à-dire que les principes récemment formulés sont directement appliqués à la situation présente de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine. Cela concerne notamment les récentes décisions des États-Unis d'autoriser, sous certaines conditions, l'utilisation des missiles ATACMS, qui ont déjà été livrés ou le seront prochainement. Ce qui ressort de ces évolutions, c'est que Poutine a établi certaines « lignes rouges » pour justifier une escalade de la part de la Russie. Toutefois, ces lignes rouges ne sont pas nécessairement absolues, puisqu’il a précisé que la Russie réagirait en cas d’escalade, mais uniquement si cette dernière impliquait des lancements massifs de missiles balistiques en direction de la Russie.

Ce concept de « masse » permet à Poutine de ne pas être contraint à une réponse immédiate et proportionnée. À ce jour, seulement six missiles ATACMS auraient été tirés, et c’est à la Russie d’évaluer si cela constitue réellement une « attaque massive » ou non. Comme souvent dans les décisions russes, la communication sur ce genre de sujet reste floue et imprécise, ce qui laisse place à des interprétations variées. Si la Russie choisit de ne pas répondre, cela pourrait être perçu comme une nouvelle dérogation à ses propres lignes rouges, un comportement qui a déjà été observé à maintes reprises par le passé.

Galia Ackerman : Vladimir Poutine a signé une nouvelle doctrine qui a peu évolué par rapport à la doctrine précédente. Le site Meduza a fait la comparaison, paragraphe par paragraphe. La réelle évolution concerne l’emploi de la riposte nucléaire. La Russie stipule, dans cette nouvelle doctrine, que si elle est attaquée par un État non nucléaire qui utilise les armes d'un Etat nucléaire, elle va considérer que c’est bel et bien l'Etat nucléaire qui attaquait la Russie. Dans ce cadre-là, l'utilisation des armes nucléaires devient possible pour l’armée russe. Cette nouvelle doctrine est une nouvelle tentative pour effrayer l'Occident et les dirigeants occidentaux alors que l'utilisation d'une arme nucléaire reste extrêmement peu plausible.

Le seul moment où la Russie aurait pu utiliser une telle arme était au tout début du conflit. La Russie pensait qu’elle allait conquérir l'Ukraine en quelques jours et changer le régime à Kiev en mettant un satrape pro-russe. Lorsque les Ukrainiens ont résisté à Kiev, ont repoussé les troupes de plusieurs régions ukrainiennes à ce moment-là, au début de l’offensive, l'utilisation d'une arme nucléaire par la Russie aurait pu paralyser les forces ukrainiennes et les obliger à capituler. L’utilisation des armes nucléaires actuellement n’a pas de sens. Le président élu Donald Trump ne supportera pas une telle action de la Russie. Cela ne règlera aucun problème pour la Russie. L’utilisation d’armes nucléaires contre des pays occidentaux exposerait la Russie à la possibilité de frappes de représailles et pourrait conduire à un holocauste nucléaire. Une telle décision n’aidera pas la Russie à conquérir l’Ukraine.

La Russie avait déjà fait de nombreuses déclarations et avait adressé des avertissements par le passé aux puissances occidentales sur les lignes rouges à ne pas franchir. À chaque fois, ces lignes rouges ont été repoussées et franchies à chaque fois. La Russie n’a jamais véritablement réagi en représailles.

Il ne reste que deux mois avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et avant le changement d’administration à la Maison-Blanche. La Russie va essayer de mener des actions destructives. Il y a tous les jours des bombardements massifs sur les grandes villes ukrainiennes. Les infrastructures énergétiques sont les cibles principales. La Russie cherche à être dans les meilleures conditions possibles lors de l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Le régime russe cherche à avoir un avantage suffisant pour faire plier les Ukrainiens. La menace nucléaire a peu de chance de se produire mais les Russes vont tout faire pour accélérer leur offensive et pour gagner le plus de terrain.

Kim Jong-un pourrait également apporter un soutien militaire à la Russie. Le nombre de soldats nord-coréens engagés aux côtés de la Russie pourrait évoluer de 10.000 à 100.000 hommes.

Les puissances occidentales ne devraient pas réagir face à des menaces utopiques comme la menace nucléaire. En revanche, les Russes essaient par tous les moyens de tourner la guerre à leur avantage. Même s'il y a des frappes ukrainiennes limitées sur le territoire russe, cela ne va pas nécessairement changer la donne. Si l’Ukraine était en capacité de cibler Moscou, cela pourrait être plus efficace.

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