Général Pierre de Villiers : « Halte-au-feu !»



Atlantico : Vous avez été l’acteur et l’objet d’une intense campagne médiatique à l’occasion de la sortie de votre dernier livre. S’il y a une question qui ne vous a pas été posée mais à laquelle il vous tient à cœur de répondre, laquelle serait-ce ?

Général Pierre de Villiers :
Paradoxalement au regard de la « campagne » que vous évoquez, ce sont celles qui portent sur le contenu du livre lui-même. Je n’avais pas prévu de l’écrire aussi vite, mais la situation m’y a poussé. Au fur et à mesure de mes déplacements, j’ai mesuré l’ampleur des fractures du pays. Elles sont à la fois nombreuses et très profondes. Il y a des fractures territoriales, économiques, sociales mais aussi une fracture politique avec notamment une crise de l’autorité, le tout aggravé de tensions géostratégiques. Je suis aujourd’hui très inquiet pour notre cohésion nationale, et donc pour l’avenir de notre pays. La question qui m’importe est donc celle de notre capacité à réagir : qu’allons-nous faire face à ce constat ?

Seule l’inaction est infamante, c’est ce que j’ai appris lorsque j’étais sous-lieutenant. Il m’est impossible de rester les bras croisés face à ce délitement, cet éclatement national. J’ai donc tenté de développer une vision, un projet stratégique qui s’inscrive dans le temps long.

Car il faut arrêter de se contenter de faire de la tactique et de privilégier le court terme. Il faudra nécessairement beaucoup de temps pour réduire les fractures dont souffre la France, en commençant par l’éducation et par la réconciliation du régalien avec le social et l’économique. Nous devons absolument réduire la fracture entre ceux qui dirigent et ceux qui exécutent. Et remettre la France au travail, aspect tristement d’actualité avec les confinements.

L’écologie est évidemment incontournable. J’ai pu constater à quel point ce sujet était central chez les jeunes

Les lecteurs de votre livre interrogés par les médias évoquent le bon sens, l’évidence des constats que vous y dressez : pas de réflexions absconses ou par trop techniques, vous appuyez là où les Français pensent que ça fait mal. Mais la question qui s’impose -et c’est peut-être la raison pour laquelle ils s’intéressent aussi à vous comme potentielle figure politique- est celle du passage de la phase des constats à celle de l’exécution. Comment concrètement remettre le pays debout ?


Atlantico.fr : Justement, on en revient à la question qui fâche, ou en tout cas qui vous agace : celle de la personne ayant vocation à assumer les responsabilités à la tête de l’Etat. Je voyais dans Acrimed, plutôt classé comme un média d’extrême gauche, un papier recensant l’ensemble de vos apparitions médiatiques de ces dernières semaines et en concluant que vous êtes un fantasme d’éditocrates parisiens aux pulsions réactionnaires inavouées. Laissons de côté le qualificatif de réactionnaire, croyez-vous qu’Acrimed ait raison : êtes-vous un pur fantasme de journalistes ou avez-vous ressenti lors de vos déplacements à travers la France une véritable attente dans le pays ?

Général Pierre de Villiers :
Je crois que mes deux premiers livres ont été un grand succès car ils correspondaient aux préoccupations des Français, et pas uniquement à celles de telle ou telle catégorie. Mes lecteurs sont très différents dans leurs générations, leurs origines sociales, leurs opinions etc... Ce qu’ils trouvent dans mes livres, ce sont des sujets qui les intéressent, qui les inquiètent, exprimés avec des mots simples. C’est ce que j’entends pendant mes séances de dédicaces.

Mais vous savez ce n’est pas le général de Villiers en particulier qui les intéresse. Bien sûr, c’est moi qui ai écrit ces livres, mais à travers moi c’est l’institution militaire qu’ils voient. C’est l’autorité, la colonne vertébrale, les valeurs que l’institution militaire a su garder qui les intéressent. La détermination, la fraternité, le respect, l’effort, la discipline, la possibilité de l’escalier social, ce sont tous ces sujets qui sont derrière le succès de mes livres.

Je n’ai pas écrit ce troisième livre dans le cadre d’une démarche devant me mener à une quelconque candidature présidentielle. Ce n’est ni mon objectif, ni ma vocation.

Alors, on me dit qu’en politique, souvent, lorsqu’on dit ça c’est pour masquer ses intentions réelles. Mais je ne suis pas un homme politique. Je suis un officier français : quand je dis quelque chose, je le fais.
Malheureusement et je vois bien que ça vous irrite de plus en plus, les observateurs de la vie politique sont rarement familiers de l’univers militaire et de la parole des officiers et ils ne vous croient qu’à moitié... 

Il y a ceux qui disent que vous êtes dans une posture marketing et que vous entretenez l’idée de ce possible avenir politique dans la seule intention de vendre des livres, c’était un peu l’esprit du portrait que vous a consacré Le Monde. Il y a ceux qui estiment qu’il y a tromperie sur la marchandise, car vous entretenez un espoir alors que vous n’avez aucune intention d’y aller, c’est un peu ce qu’Éric Zemmour a pu en dire par exemple. Et puis il y a ceux qui pensent que vous ne dites rien pour l’instant mais que vous pourriez vous lancer dans une campagne éclair si la situation sociale sécuritaire dans le pays venait à se tendre. Alors, j’ai deux questions : qui se trompe le plus sur vos intentions et sur le sens de votre démarche ? Et d’autre part, croyez-vous qu’il soit possible, non pas simplement de se faire élire en surfant sur l’aspiration supposée des Français à un homme providentiel mais de gouverner une fois élu lorsqu’on n’a ni mouvement ni parti, ni majorité ?

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