Patrick Stefanini : Immigration et contrôle des frontières, pourquoi l'Europe doit penser son avenir
Le premier événement aura été la pandémie qui conduisit l'Union à fermer ses frontières extérieures à partir de la mi-mars. Trop tard. On ne saura jamais si l'Europe aurait pu limiter le nombre des victimes de la Covid-19 en les fermant dès la mi-janvier puisque, de l'aveu même de Mme Buzyn, l'existence en Chine d'une épidémie échappant à tout contrôle était connue dès cette date. On sait, en revanche, que les pays qui s'en sont le mieux sortis sont ceux qui, comme Taiwan ou la Corée du Sud, ont fermé leurs portes très tôt. On sait aussi que, sur les dix premiers mois de l'année, le nombre de passages illégaux aux frontières extérieures de l'Union a diminué de 21 %. Cette diminution a même été de 74 % en Méditerranée orientale, c'est-à-dire à la frontière entre la Turquie et la Grèce. L'Union n'est donc pas condamnée à être une passoire. Qu'il ait fallu une pandémie pour que ses États membres se donnent les moyens d'assumer leurs obligations à leurs frontières extérieures n'est cependant pas satisfaisant. Le terrorisme et l'immigration clandestine sont des dangers permanents que ces États ont trop longtemps sous-estimés. Formons donc, avec trois semaines d'avance, le vœu que les chefs d'État et de gouvernement n'oublient pas qu'ils peuvent, s'ils le veulent, contrôler sérieusement nos frontières.