"Le Mirage #MeToo" - De Sabine Prokhoris
La philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris publie un essai audacieux et courageux, «Le Mirage Me Too» (Éditions du Cherche midi). Dans une critique très argumentée, elle s’attaque au nouveau tabou suprême, la vache sacrée du néoféminisme, de ses postulats et de ses méthodes. L'auteur décrit la rupture de la nouvelle génération militante avec le féminisme des années 1970.
La révolution #MeToo est-elle une bonne nouvelle pour le féminisme, et pour la société toute entière ? La propagation immédiatement virale du hashtag, en ses diverses déclinaisons, est-elle le signe que cette " libération de la parole " n'avait que trop tardé ? Ne faut-il pas se réjouir que les violences faites aux femmes, et l'arrogance odieusement sexiste de certains comportements inacceptables, se voient de cette façon publiquement dénoncées ? Ce " moi aussi " ne porte-t-il pas un espoir neuf ?
Tous ou presque ont d'emblée passionnément voulu le croire, concédant tout au plus quelques regrettables excès. Portée par les #MeToo, #BalanceTonPorc, et autres piloris virtuels, la parole des victimes sexuelles auto-proclamées est alors apparue comme exclusive source de vérité. Et le mot d'ordre " On vous croit ! " a fermé tout questionnement sur le bien-fondé du mouvement #MeToo, comme sur la nature de ses promesses.
En prenant appui sur l'analyse du cas français, durablement marqué par le " moment Adèle Haenel ", ce livre ouvre le débat interdit. Il entreprend de décrire, et de discuter précisément les croyances théoriques qui cimentent le hashtag désormais sacré. Et il démontre combien les conséquences en sont en réalité funestes, pour les femmes et pour tous.
«Le néoféminisme de #MeToo n’est pas émancipateur: il est éradicateur»
Par Eugénie Bastié et Guillaume Perrault
Sabine PROKHORIS. - La doxa c’est: #MeToo est une formidable révolution, avec, hélas, quelques dérives regrettables. Je soutiens l’inverse: c’est un mouvement structurellement vicié, qui a cependant eu le mérite indéniable d’obliger à considérer des questions en effet très sérieuses Au début, #BalanceTonPorc, d’abord, puis #MeToo, m’ont laissée dubitative, et assez mal à l’aise. Bien évidemment, les pratiques dénoncées étaient intolérables.
Bienvenue dans le nouvel ordre sexuel
Par Valérie Toranian
Dans un essai audacieux et courageux, la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris s’attaque au nouveau tabou suprême, la vache sacrée du néoféminisme, le mouvement #MeToo. Sa critique remet en question le fondement même du mouvement comme « révolution » féministe. La libération de la parole autour de #MeToo et #balancetonporc ? Un mirage. Sabine Prokhoris ne se contente pas, comme un certain nombre de féministes universalistes, de pointer les « dérives » du mouvement. Elle réfute pied à pied, argument contre argument, la logique totalitaire qui sous-tend cette nouvelle vision du monde où l’offense faite au nom du ressenti de la victime crée une rupture à l’intérieur même du système judiciaire.