Avec l’abstention, que représente encore le gouvernement représentatif ? - Par Frédéric Mas
Aujourd’hui, les Français fuient les urnes, et la classe politique, plutôt que de proposer des remèdes aux maladies du gouvernement démocratique, flatte tour à tour ses penchants « individualiste », populiste et technocratiques.
Si on devait prendre en considération l’abstention et les bulletins nuls dans le décompte du premier tour des élections régionales, les scores des listes politiques en présence se dégonfleraient piteusement.
C’est d’ailleurs à cet exercice que s’est prêté BFM-TV ce lundi : Xavier Bertrand, en tête dans les Hauts-de-France, passe de 41,39 % à seulement 13,03 % des inscrits, Loig Chesnais-Girard en Bretagne passe de 20,95 % à 7,15 % ou encore Valérie Pécresse, qui tombe en Île-de-France de 35,94 à 10, 81 % des inscrits.
En d’autres termes, nos représentants politiques ne représentent plus grand-chose aux yeux des citoyens. Dépolitisation, défiance envers les élites, réflexe sanitaire… Les raisons avancées par les commentateurs pour expliquer cette étrangeté sont nombreuses mais convergent toutes pour diagnostiquer une crise aiguë du gouvernement représentatif.
Et le gouvernement représentatif, c’est le régime politique de la tradition libérale par excellence, celui qui cherche à la fois à rompre avec l’absolutisme royal et à tempérer les passions démocratiques incontrôlées. La dépolitisation, le populisme et la technocratie triomphants aujourd’hui sont trois déviations possibles de son esprit originel.