Pierre-Henri Tavoillot : «Le droit s’est retourné contre l’État en produisant des abus de contre-pouvoir»

Derrière le reproche d’une justice trop laxiste, il y a une loi trop brouillonne et un État qui organise son impuissance, analyse le philosophe, alors que le président de la République a annoncé la tenue d’états généraux de la justice à la rentrée.


LE FIGARO.- Selon un sondage récent, près de 8 Français sur 10 jugent la justice trop laxiste. Le gouvernement a annoncé la tenue d’états généraux de la justice pour répondre à ce malaise qui vient aussi des magistrats. Que dit cette tendance du rapport à la justice dans nos démocraties?

Pierre-Henri TAVOILLOT.-
Ce n’est pas la justice qui est laxiste, c’est la loi elle-même. Et son laxisme n’est pas seulement le résultat de sa faiblesse ou de l’idéologie, mais d’abord de son extrême confusion. Ce sont des couches et des couches de règlements, issus de politiques contradictoires, alternant compassion et répression, qui aboutissent à un tissu d’incohérence. Le jugement sur l’affaire Sarah Halimi en a été un révélateur exemplaire. Pour ce meurtre abominable, clairement antisémite, l’usage de stupéfiants a été vu comme une circonstance atténuante sur la base d’avis d’experts. Impeccable sur le plan du droit, le jugement est affligeant sur le plan de la justice. Un tel décalage ne peut que susciter l’incompréhension, voire la colère. Et on pourrait multiplier les exemples. Je renvoie à la tribune, parue dans vos colonnes, de deux magistrats, Jean-Rémi Costa et Alexandre Stobinsky, qui montrent avec une compétence que je n’ai pas, comment le juge est soumis à des injonctions contradictoires: augmentation des peines, d’un côté ; découragement de l’emprisonnement, de l’autre. Leur conclusion est parfaite: «Il faudrait des états généraux de la justice bien ambitieux pour redonner à l’ensemble de la chaîne pénale une harmonie qu’elle a perdue depuis des années.» Autrement dit: plutôt que d’ajouter SA loi, le prochain ministre devrait travailler à faire le ménage dans les lois. Le drame est que cette incohérence, fruit d’une indigestion législative, touche désormais tous les secteurs de nos existences. La politique migratoire en est un autre bon exemple. Comme le notait le sénateur François-Noël Buffet, notre politique est généreuse avec les illégaux et maltraitante à l’égard des migrants légaux. Elle accueille à bras ouverts ceux dont nous ne voulons pas et décourage l’intégration de ceux qui veulent vivre et travailler en France. Les querelles idéologiques et moralisatrices sur le sujet de l’immigration ont fait le lit d’un pilotage exclusivement administratif et quasi automatique qui interdit une politique claire, choisie et lucide.

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