Dominique Reynié: «L’abstention massive résulte d’un déclassement du suffrage lui-même»

Pour le professeur des universités, directeur général de la Fondapol, l’abstention à une échelle spectaculaire est un phénomène durable. Il y voit le fruit d’une profonde altération de notre vie politique.


Le commentaire des résultats électoraux peine à prendre la mesure de l’abstention. Ce fut déjà le cas au lendemain du second tour des élections municipales, le 28 juin 2020. Ce jour-là, plus de 27 millions d’électeurs avaient délaissé le scrutin (58,4 % d’abstention). Un an plus tard, au lendemain du premier tour des élections départementales et régionales, ce sont près de 31 millions d’électeurs qui n’ont pas pris part au vote, soit 66,7 % des inscrits.

À LIRE AUSSI :Régionales 2021: jeunes, retraités, diplômés... L’abstention a progressé dans toutes les catégories de population

Compte tenu de la situation sanitaire, et notamment grâce aux progrès de la vaccination, la crainte de la contamination n’a joué qu’un rôle résiduel dans cette abstention. On convoque avec raison des facteurs explicatifs complémentaires. La campagne a été écrasée par des thèmes nationaux et une extrême politisation. La classe politique et les partis font l’objet d’un jugement très négatif dans l’opinion, etc.