Y-a-t-il un lien entre délinquance et immigration ? la vérité des chiffres - Par Pierre-Marie Sève et Laurent Lemasson


Au-delà des positionnements politiques, retrouvez notre étude, chiffre par chiffre, sur le lien entre immigration et délinquance.

La surdélinquance des populations issues de l’immigration est-elle un fait avéré, comme l’affirment certains, ou bien un mythe, comme le prétendent d’autres ? Que savons-nous exactement à ce sujet ?

Si, par ailleurs, cette surdélinquance est effectivement avérée, que nous est-il possible de faire pour y répondre ?


L’étude complète est disponible gratuitement ici


Pierre-Marie Sève, directeur général de l’Institut pour la Justice, analyse et commente les données recueillies par son think tank.

Tolérance zéro pour les délinquants étrangers. À moins d’une semaine du premier tour des régionales, l’ordre de mobilisation a été lancé aux préfets par Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur a demandé aux représentants territoriaux de l’État de rendre effective l’expulsion des migrants en situation irrégulière condamnés pour des infractions graves. Sont concernés les auteurs d’homicide, de viol, de violences conjugales ou de violences contre des dépositaires de l’autorité publique et les dealers. S’ils sont détenteurs d’un titre de séjour, il pourra être remis en cause.

Dans toutes ces catégories de crimes et de délits, les étrangers sont surreprésentés. C’est ce que démontre la note de l’Institut pour la Justice (IPJ) dont nous publions les extraits en exclusivité. Ce think tank entend «promouvoir une justice plus protectrice des citoyens et plus équitable vis-à-vis des victimes». Son action lui avait déjà valu d’être épinglé sur le «Mur des cons» du Syndicat de la magistrature en 2013. Il récidive aujourd’hui en établissant avec des données statistiques objectives le lien entre immigration et délinquance.

Un lien que le président de la République répugne toujours à reconnaître, même si c’est Emmanuel Macron lui-même qui a tapé du poing sur la table, la semaine dernière, pour que les dispositifs d’expulsion des clandestins soient utilisés. Le chef de l’État a changé de discours sur l’immigration, raison pour laquelle, sans doute, Jean-Luc Mélenchon l’accuse de s’être «lepénisé». D’ici à la présidentielle, la réalité peut encore le faire évoluer.

FIGARO MAGAZINE. - Vous venez de sortir un rapport sur un sujet hautement polémique: le lien entre immigration et délinquance. Y a-t-il un tabou français sur la question de la criminalité d’origine étrangère?

Pierre-Marie SÈVE. -
Depuis les années 1980 environ, dans notre pays, parler négativement de l’immigration est moralement répréhensible et expose à une accusation de racisme ou, au mieux, de «fermeture d’esprit». La question du lien entre immigration et délinquance est donc un tabou dans le tabou. Il ne s’agit évidemment pas de dire que le problème de la délinquance en France se réduit à l’immigration, tout comme l’immigration ne se réduit pas à la délinquance, loin de là. Dans les cités difficiles où la population est presque à 100% immigrée ou d’origine étrangère, il y a toujours une majorité de victimes et une minorité de délinquants! Mais c’est justement pour éviter les amalgames et la stigmatisation qu’il importe de regarder les faits de manière objective. Une société qui, pour des raisons morales, se ferme les yeux devant la réalité ne peut pas décider de son avenir. Notre travail, avec Laurent Lemasson, qui a rédigé cette note, a consisté à rechercher les chiffres disponibles et à les analyser froidement, objectivement.