Carl Von Clausewitz "De la guerre" (1832-1835): L'indépensable horizon de la politique - Par Charles Jaigu
CHARLES JAIGU est normalien et agrégé de philosophie. Chroniqueur au Figaro et grand reporter au Figaro Magazine, il est l'auteur de Sarkozy, du Fouquet's à Gaza (2009). Il a contribué aux ouvrages suivants: Les Grands Duels qui ont fait la France (2014), Le Deuil du pouvoir (2017), Dans la bibliothèque de nos présidents (2020).
Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz, né le 1er juin 1780 à Burg, près de Magdebourg, et mort le 16 novembre 1831, est un officier général et théoricien militaire prussien.
La guerre n'est que la poursuite de la politique par d'autres moyens. Le premier acte de guerre est de désigner l'ennemi. La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à se soumettre à notre volonté. La guerre est un jeu d'interaction entre incertitudes, frictions et hasards. C'est à la fois un acte d'intelligence politique, un calcul de probabilités et une disponibilité au risque.
De la guerre, ouvrage inachevé publié en 1832, un an après la mort de son auteur, marque une rupture radicale dans la façon de concevoir le phénomène de la guerre. Avant Carl von Clausewitz, la littérature militaire était essentiellement descriptive et utilitaire. S'appuyant à la fois sur sa réflexion théorique et sur son expérience de terrain - en particulier sa participation à la bataille d'Iéna en 1806 -, Clausewitz, le premier, pense la guerre dans toutes ses dimensions et dans sa relation avec le politique, dont elle dépend. Pour ce Prussien de génie, et désormais pour toute la doctrine militaire occidentale, la stratégie et la tactique constituent un art fondé sur des principes rationnels au service d'une volonté.
