Racée, de Rachel Khan

Elle se définit comme « racée », un joli mot sorti du dictionnaire, à rebours d’une époque qui préfère parler de « racisés ». Rachel Khan conspue « cet essentialisme qui enferme les individus dans une identité-discrimination au nom de la lutte pour l’égalité », qu’elle juge délétère et contre-productif. Ne lui dites pas non plus qu’elle est une victime ! La juriste, scénariste, actrice et écrivain considère avoir eu beaucoup de chances, et pourtant, « en tant que femme, juive, petite fille de déporté, noire et autres », se plaindre et accuser lui aurait sûrement permis d’attirer davantage l’attention de nombreux médias. Rachel Khan explique avoir fait le choix de « l’estime de soi ».

« On est tous des additionnés », affirmait Romain Gary dans Pseudo. Rachel Khan ne le sait que trop bien. Noire, gambienne, d'origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère, elle est fière de se dire « racée ». Mais comment vivre cet excès de « races » à l'heure des replis identitaires où seule la radicalité importe ? Comment se positionner avec ce « pedigree » alors que l'injonction est de choisir un camp ? À travers une série de mots, notions et expressions « politiquement correctes », Rachel Khan pose un regard tant critique que malicieux sur notre époque idéologisée qui interdit toutes formes de nuances. Elle condamne les « mots qui séparent » ? souchien, racisé, afro-descendant, intersectionnalité, minorité... : présentés comme des outils indispensables pour combattre le racisme, ils enfoncent en fait le couteau dans les plaies qu'ils prétendent cicatriser. Puis les « mots qui ne vont nulle part » : vivre-ensemble, diversité, mixité et non-mixité, etc., qui appauvrissent le langage et, dans une « bienveillance inclusive », alimentent la haine et les silences. Mais elle défend avec force les « mots qui réparent » ? intimité, création, désir ? qui, eux, rétablissent le dialogue, favorisent la pensée non unique et unissent notre société, gangrénée par les crispations identitaires et les oppositions stériles entre les genres.

Une cure salutaire contre la bêtise ambiante 

par Xavier-Laurent SALVADOR

L’essai publié par Rachel Khan aux éditions de l’Observatoire est excellent à plus d’un titre: c’est d’abord une cure salutaire contre la bêtise ambiante, un peu d’air frais dans la morosité ambiante et un pur cocktail de dynamisme qui fait encore espérer que la littérature puisse faire autre chose que servir la soupe à des idéologies fumeuses ou à des injonctions politiques.

Cela ne veut pas dire que la littérature ne doive pas parler de politique, ni que la littérature doive obéir forcément à l’injonction à ne rien dire, ni surtout que la littérature ne doive pas être militante ou autobiographique. Non ! C’est simplement que la littérature doit « être » politique, « être » autobiographique et non pas « construire » une icône de soi, ou le mausolée d’autre chose. En bref, il faut en finir avec le livre-Emoji, faire tomber les masques et oser dire en son nom ce qu’on pense soi-même: c’est le sens de l’essai – convaincre. « Je suis moi-même la matière de mon livre », disait Montaigne. Eh bien, que ce moi-même se révèle dans la vérité de sa nature et joue le jeu de la Culture, de l’engagement et de la conviction.

Racée, de Rachel Khan – Observatoire du décolonialisme (decolonialisme.fr)

«Le discours victimaire des pseudo-antiracistes m’est insupportable»

GRAND ENTRETIEN - Juriste, scénariste, actrice et écrivain avant d’être femme, noire ou juive, Rachel Khan refuse toute assignation à résidence identitaire et victimaire. Dans son nouvel essai, Racée (L’Observatoire), elle se moque des nouvelles idéologies «décoloniales» et «intersectionnelles» qui, sous prétexte d’antiracisme, ne font, selon elle, qu’alimenter les ressentiments.

LE FIGARO. - Vous vous définissez comme «racée». Qu’entendez-vous par ce terme?

Rachel KHAN. -
Je suis issue d’un mélange entre une mère juive polonaise et un père sénégalais et gambien d’origine musulmane mais animiste au départ, avant l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest. Racée, ce terme délicatement ancien du dictionnaire, est aussi évidemment une réponse espiègle au mot «racisé» donc l’élégance s’est perdu en chemin. C’est donc un contrepied et un contrepoint de vue face à la situation actuelle des victimaires et des identitaires. Racée est à la fois un trait d’humour, qui souligne le fait d’avoir plusieurs «races» en soi, et un jeu de mot par rapport à «racisé».

Je suis décontenancée par l’usage de ce terme «racisé» que j’entends très souvent depuis 2-3 ans. C’est insupportable, cet essentialisme qui enferme les individus dans une identité-discrimination au nom de la lutte pour l’égalité. C’est complètement contre-productif et délétère de porter la haine qui appartient à l’autre en soi. Quand on fait de son mieux chaque jour pour s’en sortir, ce mot est d’une violence rare, il heurte parce qu’il enferme au lieu de libérer, il ne propose aucune issue. Cette notion est irrecevable au regard des droits fondamentaux parce qu’elle assigne les individus à un statut inférieur, en revendiquant du fait de sa couleur de peau un droit à la victimisation.



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