Terrorisme : « La France est clairement le pays d’Europe le plus touché » - Par Dominique Reynié


La Fondapol a publié un état des lieux du terrorisme islamiste depuis quarante ans. Pour son directeur général Dominique Reynié, la France concentre à elle seule près de 44 % des attentats islamistes et 42 % des victimes en Europe.

Depuis l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge, en 1979, le monde est ébranlé par le terrorisme djihadiste. En quarante ans, les attentats islamistes se sont multipliés, atteignant jusqu’au cœur des pays occidentaux, New York, Madrid, Londres, Paris, mais aussi Moscou, etc. Installant des sentiments de peur et de méfiance, par la violence aveugle et sa répétition le terrorisme islamiste alimente ou renforce les demandes d’autoritarisme et de fermeture que l’on voit monter en puissance dans les démocraties.

Mais avons-nous mesuré la réalité de cette violence qui nous inquiète tant ? Certes, nous savons que c’est aux États-Unis, le 11 septembre 2001, qu’a eu lieu la série d’attaques la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme. Nous savons peut-être aussi qu’en Europe la France est le pays le plus touché. Nous devinons que la violence islamiste frappe plus souvent, plus durement encore, hors du monde occidental. Mais on ne peut dire qu’ainsi nous savons évaluer la violence islamiste.

La Fondation pour l’innovation politique a voulu contribuer à cette évaluation. Depuis le printemps 2018, nous œuvrons à la tâche de quantifier le terrorisme islamiste, de repérer les formes qu’il a pu prendre au fil de ces décennies, de recenser les actes qu’il a pu inspirer ou initier, d’estimer le nombre de ses victimes, d’identifier les organisations les plus meurtrières et les pays les plus meurtris.

Pour ce faire, nous avons collecté une très grande quantité d’informations, au point de construire une volumineuse base de données. Elle est disponible en open data sur notre site data.fondapol.org.

Nous pensons que la masse d’information recueillie éclaire sous un jour nouveau le phénomène de la violence islamiste. Elle permet de mieux la décrire, de mieux la comprendre, d’en documenter la gravité. Ainsi, à titre d’illustration, nous pouvons établir qu’entre 1979 et 2019, au moins 33.769 attentats islamistes ont eu lieu dans le monde. Ils ont provoqué la mort d’au moins 167.096 personnes. Nous pouvons dire aussi que les attentats islamistes représentent 18,8% de la totalité des attentats commis dans le monde, mais qu’ils sont responsables de 39,1% des vies perdues à cause du terrorisme ; ou encore, qu’au cours des années étudiées, on note une intensification de cette violence et que la période la plus meurtrière est la plus récente : à partir de 2013, selon nous, l’islamisme est devenu la cause principale (63,4%) des morts par terrorisme dans le monde. Nous identifions et quantifions les modes opératoires, les cibles. La vision du phénomène s’améliore, l’image devient plus claire. Nous montrons ainsi que la plus grande partie des victimes du terrorisme islamiste sont des musulmans (91,2%).

Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 - Fondapol

FIGAROVOX/ENTRETIEN
Par Ronan Planchon


LE FIGAROVOX. - Alors qu’ils n’étaient que 3,5 % entre 1979 et 2000, les attentats islamistes représentent 30 % des attentats commis dans le monde depuis 2013. On pense aux effets de l’affrontement indirect des puissances américaine et soviétique en Afghanistan, mais y a-t-il d’autres facteurs ?

Dominique REYNIÉ. -
De la fin du XIXe siècle aux années 1980, le terrorisme, comme réalité très diverse, a été principalement animé par causes que l’on pourrait qualifier de séculières : révolutionnaires, anarchistes et socialistes, nationalistes et séparatistes ont alors constitué le gros des actes terroristes. L’année 1979 marque un premier tournant avec l’internationalisation de la cause islamiste, dans le prolongement d’événements qui précipitent cette évolution : l’intervention soviétique en Afghanistan, la révolution iranienne, la signature des accords de Camp David et la prise d’otages de la Grande Mosquée de La Mecque par un groupe de fondamentalistes islamistes, en novembre-décembre. Notamment en raison de l’activisme des Frères musulmans en Syrie, le déploiement du terrorisme islamiste est visible dès les années 1980-1983. Il gagne le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord dans les années 1990. Dans notre étude, Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 (Fondation pour l’innovation politique, novembre 2019), nous recensons 2 190 attentats islamistes ayant causé la mort de 6 818 personnes sur la période 1979-2000.

Les attentats du 11 septembre 2001 inscrivent une nouvelle rupture en consacrant la globalisation du terrorisme islamiste. Ils forment à ce jour la combinaison d’attaques la plus meurtrière de l’histoire du terrorisme, avec 3 001 morts et plus de 16.493 blessés au total. Le spectacle planétaire de cet événement scelle le début d’une nouvelle ère dans la médiatisation du terrorisme. Selon nos données, s’opère alors une intensification du phénomène de la violence islamiste entre 2001 et 2013 avec, par rapport à la période précédente, une multiplication par quatre du nombre d’attentats (8 264) et par plus de cinq du nombre des victimes (38 186).

Entre 2013 et 2019, l’islamisme devient la cause terroriste la plus meurtrière. On enregistre sur cette période une augmentation sans précédent du nombre d’attentats (23.315) et de morts (122.092). Le djihadisme se développe régionalement, s’appuyant notamment sur la proclamation de l’établissement d’un califat par l’organisation État islamique (EI), à Mossoul, en 2014. La montée en puissance de l’EI et de Boko Haram est facilitée par des contextes géopolitiques chaotiques qui offrent aux groupes terroristes de nombreuses opportunités d’expansion.

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