Babarophobie ordinaire - Par Jean-Christophe Buisson
Mais un anthropologue à la retraite du nom de Boëtsch a décidé d’instruire sur l’antenne complaisante de Radio France le procès de Babar. Ses reproches qu’il fait au royal pachyderme sont aussi flous que les lunettes avec lesquelles Derrida et ses épigones déconstructeurs (dont il fait apparemment partie) voient le monde. Sa date de naissance, d’abord: Babar est né en 1931. «Comme le raciste Tintin au Congo et l’Exposition coloniale à Paris!», pointe Boëtsch. On ajouterait bien: comme au temps de la montée du nazisme dont les méchants rhinocéros (voir aussi Ionesco) sont justement les symboles dans Babar, mais il ne faut pas trop en demander en termes de ontextualisation à des gens myopes. Par une tournure d’esprit digne d’un contorsionniste du Cirque du Soleil, Boëtsch enchaîne audacieusement: selon lui, le personnage de Babar fait penser à «un Africain qui serait allé en France et qui aurait assimilé la culture française […] et qui serait revenu en costume trois pièces porter la bonne parole (comprendre: colonialiste) en Afrique». Un collabo, en quelque sorte.