Quand le virus s’attaque (aussi) à nos libertés - Par Arnaud Benedetti


La crise sanitaire s’étire. Elle met à mal nos hôpitaux, les personnes vulnérables, le système productif, mais plus largement encore notre relation à la liberté. Les temps sont inquiétants en effet, non pas seulement pour la santé des plus faibles, mais également pour notre capacité à demeurer vigilant alors que tout un ensemble d’exceptions instaure une démocratie sous surveillance. La grande leçon de cette pandémie n’est peut-être pas tant sanitaire, ni économique, mais d’abord politique. Partout, des voix s’élèvent pour nous expliquer qu’il faut apprendre « à vivre avec le virus », mais force est de constater qu’à ce stade c’est surtout le virus qui nous dompte en imposant son tempo, contraignant les gouvernants à godiller entre leurs valeurs et des mesures parfois paradoxales, et érodant toujours plus notre disposition à maintenir sous tensions notre esprit critique.

La crise, par sa durée, par les craintes et les peurs qu’elle suscite, par les abnégations qu’elle engendre, par la prétention à la rationalité qu’elle génère dans la fabrication des décisions publiques, a tout d’une forge qui formate en vue de lendemains régressifs.