Georges Bensoussan : Depuis "les Territoires perdus de la République", la situation s'est aggravée
Valeurs actuelles. Alors qu'un professeur a été décapité, en octobre 2020, pour avoir montré des caricatures de Mahomet, vous aviez tiré la sonnette d'alarme, il y a dix-huit ans, au sujet de la violence, de l'antisémitisme et de l'islamisme qui sévissaient dans les banlieues. Il y a trois ans, votre ouvrage, Une France soumise, insistait à nouveau sur le sectarisme qui frappe de nombreux domaines. Vous êtes-vous senti écouté ? Et si non, comment expliquez-vous cette surdité ?
Georges Bensoussan. Publié il y a dix-huit ans, en 2002, les Territoires perdus de la République n'a guère été relayé, par contraste avec le succès que connaîtra son titre, quasi tombé dans le langage courant. Globalement, le livre est passé sous silence à l'exception notable d'Alain Finkielkraut, qui l'évoque immédiatement, et d'Éric Conan, journaliste à l'Express, qui en publie des bonnes feuilles et consacre un reportage au sujet. Et quelques modestes échos, ici et là. En aparté, on se dit soit que c'est un ramassis de rumeurs, un livre ni scientifique ni rigoureux, soit qu'il manifeste un racisme décomplexé et “fait le jeu de l'extrême droite”. Soit les deux. Comment et pourquoi en vient-on à nier le réel quand il contredit schémas de pensée et croyances, voire met à mal le canevas même de votre vie ? La question, passionnante, éclaire l'époque, mais elle sort du cadre de cet entretien.