Français tirés au sort pour suivre le vaccin : faut-il confier au hasard la vie politique pour la sauver ? - Par Jean-Marc Albert


Égrenant avec une régularité mécanique l’estime qu’il porte à ses compatriotes, le Président Macron voudrait ne voir dans les Français que « 66 millions de procureurs » comme il y aurait « 66 millions de sélectionneurs ». Avec une telle confiance portée à son peuple, on se demande pourquoi il s’obstine à faire appel à lui pour satisfaire à la mode de la « démocratie participative ». On ne compte plus, en effet, les conventions citoyennes, du Grand Débat au climat pour donner au peuple l’impression qu’il décide. La dernière convention — 35 personnes tirées au sort chargées de suivi de la stratégie vaccinale — ne se contente plus de faire des propositions comme ses précédentes incarnations, mais entend éradiquer les relents complotistes par ses gages de transparence. On ne sous-estimera pas le sentiment de de dépossession démocratique qui conduit à l’abstention et au rejet des institutions, y compris par la violence mais tirer au sort ceux qui vont parler et décider en notre nom n’est sans doute pas le chemin le plus efficace pour restaurer la confiance. Il se pourrait même qu’il en accuse le déficit. Dans toute sa rigueur, la sortition apparaîtrait même comme une négation de la représentation, de l’essence même de la politique, voire de la démocratie au sens classique.

Le tirage au sort, invention de la Grèce antique

On loue encore la Grèce antique pour avoir inventé le mode de sélection démocratique que le tirage a sort. On feint cependant d’oublier que ce tirage était signe d’une élection divine qui lui conférait ainsi précisément sa puissance résolutive des conflits. Le sort — kleros — relève alors de la mantique, art divinatoire, qui concerne aussi bien la répartition de biens que le choix de dirigeants. Rien n’est dû au hasard rappelle Platon et tout doit être soumis au divin qui ne fait que choisir les meilleurs qui s’ignorent. Le propos n’est pas isolé. Le livre vétérotestamentaire de Samuel évoque ainsi la « la tribu de Benjamin désignée par le sort », entendre Yahvé. C’est encore plus flagrant à Rome qui conditionne l’ordre de vote à l’onction religieuse des auspices. La société chrétienne n’a pas évacué la prégnance spirituelle de l’aléa que l’on devine encore en Aragon, à Venise, jusqu’en Caroline du Sud et en France l’on continue de « tirer les rois » de la galette épiphanique. Mais le sort est progressivement congédié par les instances religieuses au profit de la Providence seule à même de révéler aux hommes les magistrats dignes. Au XIIIe siècle, Saint Thomas d’Aquin fait toutefois du sort « consultatif » une méthode de résolution impartiale des passions qu’il oppose à la divination démoniaque.

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