Peut-on encore vaincre l’islamisme ? - Par Gérald Darmanin et Bernard Rougier


LE FIGARO MAGAZINE. - M. le ministre, pourquoi avoir changé l’intitulé du projet de loi? Emmanuel Macron avait évoqué la lutte contre le séparatisme islamiste, vous aviez repris cette terminologie et finalement le projet de loi vise à «conforter le respect des principes de la République»?

Gérald DARMANIN. -
Cette loi est une étape très importante, mais elle n’est pas l’alpha et l’omega du discours des Mureaux du président de la République contre le séparatisme islamiste. Lutter contre le séparatisme islamiste ce n’est pas seulement étendre la neutralité des agents dans les services publics, lutter contre les officines islamistes, les associations qui détournent la liberté d’association à leurs fins, contrôler davantage la scolarisation hors contrat, éviter le financement étranger du culte. C’est aussi l’urbanisme, la politique du logement, la politique d’intégration et d’assimilation, le sujet, en partie, de l’immigration…Mais attention aux discours simplistes. Il ne faut pas être les idiots utiles des islamistes. Notre ennemi a comme stratégie d’essayer de démontrer que la France est un pays raciste, anti-musulman, «islamophobe». Tout ce qui peut mettre de l’eau au moulin de ceux qui disent «regardez, ils vous rejettent, ils considèrent que vous n’êtes pas compatibles, que par nature vous ne serez jamais leurs amis, venez avec nous on va vous défendre parce que nous sommes la vraie communauté», renforce la communauté islamiste contre la communauté nationale. Ce que je fais à mon poste de ministre de l’Intérieur c’est, comme disait le général de Gaulle, un travail pour «l’idéal à travers des réalités».

Je considère que les va-t’en guerre qui, hier n’ont pas pris les bonnes décisions, et qui aujourd’hui comme Saint-Paul sur le chemin de Damas, totalement convertis à la laïcité, renvoient une grande partie de nos compatriotes musulmans parfaitement patriotes, parfaitement intégrés, parfaitement assimilés, vers leur communauté. Avoir un tel discours jusqu’au-boutisme, rejetant la présence même des expressions religieuses renverrait les modérés vers les extrêmistes. Nous pensons que la meilleure solution pour lutter contre les séparatismes, et principalement le plus dangereux d’entre eux, le séparatisme islamiste, restent de s’appuyer comme le fait le projet de loi, sur les principes de la République. Ils sont, pour nous, le meilleur médicament au mal que nous connaissons.

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Bernard ROUGIER. - Ce qu’on peut dire, à partir d’une analyse du terrain, c’est que le rappel des principes de la République comme seule réponse, quoique nécessaire, ne suffira pas. Il y a un caractère abstrait dans l’incantation républicaine qui peut, au bout d’un moment, à force de répétitions, si le discours tourne sur lui-même, être perçu comme un discours menteur, si ce discours n’est pas accompagné de mesures, de perspectives d’émancipation. Évidemment les entrepreneurs islamistes exploitent les blocages sociaux et économiques, les frustrations et les discriminations quand elles existent, pour enrôler les jeunes issus de l’immigration dans leur projet idéologique. Si la thématique de la lutte contre le séparatisme est une bonne chose, le piège à éviter serait de faire de la surenchère autour de celle-ci.

Pareille surenchère aurait pour effet pervers de déclencher un réflexe de solidarité entre une partie de nos compatriotes et ces entrepreneurs idéologiques. Mais il demeure un problème de fond. La grande force de ces entrepreneurs et de leurs réseaux, c’est leur capacité d’encadrement, leur capacité à produire du collectif, de la solidarité, de l’entraide, de la fraternité islamique, avec un islam idéologique devenu vérité existentielle. Comme si le bien à servir ce n’était plus le bien commun de la République mais le bien islamique. Une République doit s’adosser à une version positive du bien. Il faut inventer une incarnation républicaine de nos principes. La question que je me pose est de savoir quels sont aujourd’hui les instruments disponibles pour cette incarnation: quelle forme d’engagement collectif peut-on opposer aux engagements collectifs existants déjà et solidement ancrés?



     
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