66 millions de procureurs de l’action du gouvernement mais combien de gouvernants assumant leurs responsabilités ? - Par Arnaud Benedetti
Arnaud Benedetti : C’est d’autant plus incompréhensible que la société française prouve sa maturité dans l’acceptation d’une situation inédite où elle subit de nombreuses contraintes, dont certaines sont loin d’être fondées. Emmanuel Macron a commis une quadruple faute : tout d’abord dans un moment où toute la nation participe à l’effort général dans l’adversité, le devoir d’un chef c’est d’abord de galvaniser son peuple sur ses vertus et sur ses qualités ; lui, fait le choix, hautement discutable encore, de "cliver", d’ "antagoniser" ses relations avec les Français en généralisant sur des stéréotypes de "café du commerce". Ensuite, ses propos induisent, voire certifient que ce président n’apprend pas de ses erreurs passées, et que quelques sondages bienveillants suffisent à dévoiler un chef de l’état polémiste, voire provocateur alors que sa mission devrait exclusivement en ces temps sans visibilité être consacrée à apaiser et à rassembler. Il renoue avec une communication qui laisse entrevoir du mépris, réactive la mémoire d’un personnage sans proximité et empathie, qui ne conçoit sa relation avec le corps social qu’au travers d’une tension. En d’autres termes il offre l’image dégradée d’un chef de l’État qui n’aimerait pas son peuple, inapte à stabiliser son rapport avec celui-ci, confirmant ou ossifiant le sentiment qui a nourri nombre de catégories de perceptions à l’occasion de la crise des gilets jaunes, notamment.