Iran : une société sécularisée, diverse et dissidente - Par Pooyan TAMIMI ARAB et Ammar MALEKI
Le conflit israélo-iranien de juin 2025 a remis à l’ordre du jour la question de la solidité du régime établi par la Révolution de 1979, une question donnant lieu à des analyses contradictoires. La répression féroce que ce pouvoir théocratique exerce sur la société depuis quatre décennies n’est pas assez prise en compte dans les analyses. Certains commentateurs défendent la thèse de la solidité du régime et l’expliquent notamment par un « retour du religieux », à l’opposé de la sécularisation.
Ammar MALEKI est Assistant professor en politique comparée à l’Université de Tilburg (Pays-Bas), directeur du GAMAAN et représentant pour l’Iran auprès de la WAPOR pour la période 2025-2026.
À première vue, les enquêtes d’opinion conventionnelles, menées par téléphone et en face-à-face à l'intérieur du pays, font état d’une religiosité quasi unanime de la population iranienne et de son très fort soutien au régime. Mais ces résultats sont contredits par les vagues successives et massives de protestations contre l'idée même de république islamique, dont les plus récentes ont été les manifestations nationales « Femmes, Vie, Liberté » de 2022-2023, au cri de « Nous ne voulons pas d’une république islamique ! ». Au fil des ans, des enquêtes qualitatives ont décrit une attitude critique généralisée à l'égard des autorités et des institutions religieuses, ainsi qu'un revirement des mentalités au profit de la célébration de la vie terrestre, en opposition aux valeurs chiites du deuil, du martyre et de l'au-delà. L'usage désormais quasi universel d’internet en Iran a permis d'atteindre les citoyens par des canaux alternatifs, réduisant la crainte de la surveillance étatique qui peut fausser les réponses aux questions sensibles, telles que celles portant sur la religion et la politique.
C'est le principe directeur qui guide le travail du GAMAAN (Groupe d'analyse et de mesure des attitudes en Iran) qui utilise des méthodes en ligne – recrutement via les réseaux sociaux, outils VPN et chaînes de télévision par satellite – pour atteindre un large éventail de répondants. Si ces enquêtes sont novatrices par leur méthode, elles le sont aussi par leurs résultats. Par comparaison avec les données recueillies par les sources officielles, ces enquêtes brossent, un tableau radicalement différent de la société iranienne, qui connaît bel et bien une sécularisation massive.
Les résultats confirment qu'une majorité d'Iraniens soutiennent une transition, voire une révolution qui démantèlerait le régime clérical. Les données montrent aussi qu'il existe de profondes tensions entre laïcs et religieux au sein de la société et une plus grande diversité des identifications personnelles, religieuses comme non religieuses.
C'est le principe directeur qui guide le travail du GAMAAN (Groupe d'analyse et de mesure des attitudes en Iran) qui utilise des méthodes en ligne – recrutement via les réseaux sociaux, outils VPN et chaînes de télévision par satellite – pour atteindre un large éventail de répondants. Si ces enquêtes sont novatrices par leur méthode, elles le sont aussi par leurs résultats. Par comparaison avec les données recueillies par les sources officielles, ces enquêtes brossent, un tableau radicalement différent de la société iranienne, qui connaît bel et bien une sécularisation massive.
Les résultats confirment qu'une majorité d'Iraniens soutiennent une transition, voire une révolution qui démantèlerait le régime clérical. Les données montrent aussi qu'il existe de profondes tensions entre laïcs et religieux au sein de la société et une plus grande diversité des identifications personnelles, religieuses comme non religieuses.