Anne-Sophie Chazaud : «La censure est désormais un moyen d’action militant assumé»


Cinq ans après l'assassinat des membres de la rédaction de Charlie Hebdo où nous nous étions juré, la main sur le coeur, que plus rien ne saurait nous faire taire, le constat est terrible : conférences universitaires supprimées, expositions censurées, lois liberticides en tous genres, surveillance d'internet, procès et lynchages médiatiques, au point que ce sont tous les types d'expression qui sont désormais sous pression et parfois frappés d'interdits. L'enjeu de ce livre est de comprendre comment ces diverses formes de censures, sociétale, judiciaire et politique, s'articulent et se complètent pour former un véritable système dont il est devenu très difficile de s'extraire. Non pas seulement la censure de type institutionnel émanant de l'Etat et du pouvoir politique dont on montrera le regain de vigueur, mais aussi la censure qui provient de la société elle-même, privatisée par le biais d'un édifice juridique spécifique qui sera ici décortiqué. En définitive, il s'agit de montrer où nous mène cet étrange paradoxe actuel : pouvoir tout dire en apparence, à condition de ne rien exprimer, à condition de rester le plus inexpressif possible. Or, à refuser la conflictualité sans laquelle aucune vérité ne peut être mise au jour, notre société risque beaucoup plus. Tragiquement plus.


LE FIGARO - Vous défendez l’idée que la liberté d’expression est en crise et que la défense d’idées qui vont à l’encontre de ce que vous appelez «la morale contemporaine» est aujourd’hui entravée par de nombreuses contraintes qui «étranglent» ceux qui s’y risquent. C’est un point de vue que l’on entend souvent, mais justement, la parution même de votre livre ainsi que du présent entretien ne démentent-ils pas votre propos? Est-ce que réellement, en France, «on ne peut plus rien dire»?

La complainte victimaire du «on ne peut plus rien dire» n’est précisément pas l’objet de ce travail. D’abord parce que la posture victimaire est en elle-même l’un des ingrédients de l’esprit et des méthodes liberticides contemporaines: il serait donc regrettable de s’y adonner tout en la dénonçant. Ensuite, parce que, concrètement, l’étau dont je démonte (et démontre) ici les mécanismes et l’aspect systémique, est en train de commencer à céder sous la pression d’une réaction populaire et intellectuelle qui n’entend plus se laisser dicter ses modes de pensée et d’expression.

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Ensuite parce que le paradoxe de l’époque veut que cette intensité liberticide coïncide avec des moyens technologiques nouveaux à la disposition de chacun, lesquels permettent une libération de la parole (blogs, réseaux sociaux, médias alternatifs) autrefois davantage contrainte par les canaux traditionnels. Les réseaux sociaux sont d’ailleurs l’enjeu d’une tectonique majeure en termes de liberté d’expression: à la fois lieux de grande liberté mais aussi d’infinies pressions activistes, des diktats du politiquement correct guidant la gouvernance même de ces entreprises et enfin objets de toutes les convoitises censoriales de la part du pouvoir politique.

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