Loris Chavanette : L’opportunisme politique flirte avec la lâcheté historique
Ensuite vient la question de l’urgence que vous mettez en avant, non sans une certaine ironie. Bien évidemment, il n’y a aucune urgence à déplacer la statue de Napoléon. Sous le fallacieux prétexte de la restauration de cette dernière, le maire de Rouen entend lancer un «débat démocratique» et feint d’ignorer que le courant politique auquel il appartient, le socialisme, n’a jamais porté l’Empereur dans son cœur. Pour ne citer qu’un seul exemple, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin n’a-t-il pas publié en 2014 un pamphlet intitulé Le mal napoléonien? La gauche, depuis longue date, veut déboulonner Napoléon, même si, comme le précise monsieur Rossignol, c’est pour déplacer la statue ailleurs. À ce niveau, on se dit que l’opportunisme politique flirte avec la lâcheté historique car s’il souhaite un débat, il faut que ce dernier soit le plus large possible. Au moins pour que les Rouennais, et les Français avec eux, soient informés de façon pleine et entière avant de juger. Précisons alors que la statue a été fondue avec les canons de la bataille d’Austerlitz pris à l’ennemi. Ce n’est pas rien… De quelle matière sera composée la future statue, monsieur le maire je vous prie?
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" La recherche de l'ordre et d'une issue aux violences et épurations successives, auxquelles la République semblait condamnée, était devenue en 1795 le rêve de toute une génération avide de rétablir la stabilité institutionnelle et la paix sociale. [...] Cette recherche de sécurité, véritable quête de sûreté, n'impliquait pas qu'on doive renoncer à sa foi républicaine. Loin de là. [...] Ce que cherchaient les hommes de l'an III, c'est le Saint Graal de tout révolutionnaire, au milieu de l'incertitude créée par une révolution : comment faire une république sans révolution ? "
C'est par ces mots qu'Alan Forrest introduit ce livre regroupant une équipe internationale d'historiens et d'historiennes. Comment sortir de la guerre civile sans renoncer à la République ? Restaurer au quotidien les contre-pouvoirs tout en luttant contre les royalistes d'une part et les Égaux rassemblés autour de Gracchus Babeuf, de l'autre ? Le thème de l'autorité républicaine confrontée au défi de la recherche de l'ordre est au centre de ce livre. Le présent ouvrage met en lumière la difficulté à instaurer un gouvernement légitime en mettant un terme à la Révolution française. Les plumes ici réunies esquissent de précieux portraits des hommes du Directoire (dont Sieyès, Carnot, Babeuf), dessinent un tableau saisissant des institutions de l'an III, et tentent de dresser le bilan de cette époque charnière, non seulement en France mais aussi au-delà des frontières.
Ressortent les idéaux, pensées, doutes, contradictions également, d'un régime fragile empêtré dans une profonde crise de confiance, mais bien disposé à forger la République.