Jean-Baptiste Noé : La chose du monde la moins instructive ?


Dans La guerre du Péloponnèse, Thucydide exprime cette permanence de l’homme. Le prologue de l’ouvrage explique en quelques lignes ce qu’est une guerre et pourquoi elle se déclenche. Le dialogue des Méliens montre les limites du droit au regard de la force et comment cette dernière l’emporte sur le premier. L’éloge funèbre des morts d’Athènes nous aide à comprendre ce qu’est une nation et les raisons pour lesquelles les hommes sont capables de faire le sacrifice de leur vie pour la sauver. Dans ces pages de l’historien philosophe, c’est la nature humaine qui parle à travers la Grèce. Thucydide est très longtemps tombé en désuétude ; il ne figure même pas sur la fresque de Raphaël consacrée à l’école d’Athènes. On y trouve en revanche Xénophon, le continuateur de La Guerre après le décès de Thucydide et l’auteur du premier ouvrage d’économie. Il a fallu attendre le XVIIe siècle pour que le fils d’Oloros revienne à la mode, soit traduit en latin et lu dans les cours et les ambassades. Aujourd’hui c’est un auteur incontournable pour quiconque s’intéresse à la guerre, à la stratégie, à la géopolitique, à tel point que les éditions de l’École de guerre viennent de le rééditer.

Rousseau ne comprend pas la guerre

Rousseau a lu, mais n’a pas compris Thucydide. Voilà ce qu’il écrit dans L’Émile : « Thucydide est, à mon gré, le vrai modèle des historiens. Il rapporte les faits sans les juger ; mais il n’omet aucune des circonstances propres à nous en faire juger nous-mêmes. Il met tout ce qu’il raconte sous les yeux du lecteur ; loin de s’interposer entre les événements et les lecteurs, il se dérobe ; on ne croit plus lire, on croit voir. » Jusque-là tout va bien, c’est un juste hommage à la pensée et à l’écriture de Thucydide. La suite est malheureusement d’un autre acabit : « Malheureusement il parle toujours de guerre, et l’on ne voit presque dans ses récits que la chose du monde la moins instructive, savoir les combats. »




« L’Athénien Thucydide a écrit l’histoire de la guerre entre les Péloponnésiens et les Athéniens et raconté les divers incidents de cette lutte. Il a commencé son œuvre au début même des hostilités, prévoyant combien cette guerre serait importante, combien plus mémorable que celles qui avaient précédé : il en avait pour preuve les immenses ressources de tout genre avec lesquelles les deux peuples allaient s’entrechoquer, et les dispositions des autres États de la Grèce qu’il voyait ou prendre parti immédiatement, ou méditer dès lors de le faire. C’est là, en effet, le plus vaste mouvement qui jamais se soit produit chez les Grecs ; il embrassa une partie des barbares, et ébranla pour ainsi dire au loin l’univers. »
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