Le "Nouveau Désordre numérique" d'Olivier Babeau : Comment le digital est en train de faire exploser les inégalités.


Fondateur de l’Institut Sapiens, Olivier Babeau vient de publier Le nouveau désordre numérique, sous-titré : comment le digital fait exploser les inégalités. Son point de départ est cruel : si la crise de la Covid-19 a consacré le triomphe du numérique, les nouvelles technologies portant l’espoir d’un monde plus égalitaire, « l’espoir est cruellement déçu. »

Olivier Babeau: «La révolution numérique est une puissante machine à séparer les individus»

LE FIGARO. - La crise sanitaire du printemps 2020 aura consacré le triomphe du numérique. Celui-ci aura notamment permis de maintenir à flot une partie de l’économie grâce au télétravail. Ne faut-il pas s’en réjouir? Pourquoi?

Olivier BABEAU. -
Les nouvelles technologies rendent des services évidents. Mais le confinement aura été un formidable accélérateur de la polarisation du monde qu’elles produisent. Ceux qui sont connectés profitent à plein des possibilités qu’elles donnent, et ont délaissé leur bureau sans regret, découvrant (s’ils ne le savaient pas déjà) qu’ils travaillaient aussi bien dans le lieu de leur choix. Ceux dont le travail n’utilise pas le levier du numérique n’ont pas eu cette possibilité. Ils sont plus que jamais condamnés à l’arbitrage entre logement inabordable en centre-ville ou épuisantes migrations pendulaires depuis de lointaines banlieues. Le confinement aura aussi vu les élèves les moins favorisés, peu aidés par des parents dépassés, disparaître des radars de l’école, tandis que les parents aguerris et attentifs écumaient les cours en ligne. Le numérique triomphe, et avec lui ceux qui savent l’utiliser, mais il enfonce ceux qui en sont éloignés.



Olivier Babeau: «Dans notre siècle numérique, le vrai luxe sera l’autonomie»

L'OPINION. - Vous soutenez que le numérique a accéléré la polarisation du monde. De quelle manière ?

Olivier BABEAU. - Le XXe siècle a vu un prodigieux mouvement d’égalisation des conditions et l’émergence d’une grande classe moyenne aux Etats-Unis et en Europe. On a pensé que le développement économique créait inévitablement cette égalisation des conditions. C’était un effet d’optique. Cette société où s’épanouissait une grande classe moyenne unificatrice n’était pas une nouvelle ère, mais qu’une courte parenthèse. Les nouvelles technologies dopent la valeur ajoutée du travail très qualifié, mais font baisser la valeur des autres. La classe moyenne disparaît au profit d’une polarisation sociale. Le numérique accélère les différences entre ce que David Goodhart appelle les Anywheres, cosmopolites et mobiles, et les Somewheres, attachés à leur communauté et à leur espace géographique. C’est l’effet Matthieu, connu des économistes par référence à la phrase de l’apôtre : « On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. »

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