André Comte-Sponville : « On meurt plus vite de faim que de maladie »


La santé est-elle devenue une valeur suprême à la faveur de la pandémie, et faut-il s'en alarmer ? Le philosophe André Comte-Sponville en est convaincu, qui, depuis le début de la crise sanitaire, défend une position iconoclaste, appelant à ne pas sacrifier les plus jeunes générations à la santé des plus âgés. Il revient ici sur les dangers du « panmédicalisme » et sur la nouvelle mouture du confinement, et engage vigoureusement à relire Montaigne, à qui il vient de consacrer un Dictionnaire amoureux (Plon) et qui, rappelle-t-il, nous propose un art de vivre par temps de catastrophe.

Le Point : Vous dénoncez depuis plusieurs mois le « panmédicalisme » qui vous semble s'être emparé des esprits. Comme le définissez-vous, exactement ?

André Comte-Sponville :
Ce que j'entends par « panmédicalisme », c'est l'idéologie qui fait de la santé la valeur suprême, et qui tend dès lors à tout soumettre à la médecine. J'y vois une double erreur. La première, c'est que la santé, selon moi, est un bien plutôt qu'une valeur. Un bien, c'est quelque chose qui est désirable ou enviable. Une valeur, quelque chose qui est estimable ou admirable. Par exemple, je peux envier quelqu'un parce qu'il est plus riche que moi, ou en meilleure santé que moi. Mais si je l'admire pour cela, je suis un imbécile. En revanche, je peux admirer quelqu'un parce qu'il est plus généreux, plus courageux ou plus aimant que moi. Richesse et santé sont des biens. La générosité, le courage ou l'amour sont des valeurs. Quand on sacrifie les valeurs aux biens, on est déjà dans le nihilisme. Faire de la richesse la valeur suprême, c'est du nihilisme financier. Faire de la santé la valeur suprême, c'est du nihilisme sanitaire.

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