Emmanuel Razavi : Projet de loi séparatisme, un arsenal qui alterne entre le trop et le trop peu
Atlantico.fr : Le projet de loi sur les séparatismes arrive bientôt au Conseil des Ministres. Dans un entretien croisé au Figaro, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, nous permettent d’en apprendre un peu plus sur ce que contiendra le texte. Son contenu concerne-t-il réellement les séparatismes ? Qu’ont-ils annoncé du contenu de la loi ?
Emmanuel Razavi : Ce texte vise particulièrement des organisations qui sont liées au salafisme et aux Frères Musulmans. Le terme séparatisme n’est donc pas celui qui convient. En effet, les Frères Musulmans et les salafistes ne veulent en aucun cas se séparer de la République, car ils sont dans une logique de conquête. L’organisation des Frères Musulmans, dans ses textes historiques, explique qu’elle veut instaurer la charia partout où vit un musulman. Son projet, islamo-politique, est de prendre le pouvoir par les urnes si possible, et sinon par le biais de l’action violente. Les actions du gouvernement sont donc louables, mais il ne nomme pas les choses telles qu’elles sont.
Ce projet de loi devrait notamment faire état de mesures ayant pour but de lutter contre la haine en ligne. C’est très bien s’il s’agit de mettre un terme aux agissements des voyous qui harcèlent la jeune Mila ou les journalistes qui dénoncent la dérive islamiste.
Mais faut-il aussi bien définir le mot « haine ». Car à l’inverse, est-ce que cela veut dire que l’on n’aura plus le droit de critiquer les dérives extrémistes d’une religion ? Si tel est le cas, c’est hasardeux.