Jean-Thomas Lesueur : Quand l’administratif absorbe le politique
Telle est, croyons-nous, le grand enseignement du spectacle que nous avons sous les yeux : un État réduit à l’administration des choses, à interdire et à réglementer, dans lequel le politique a été aspiré par l’administratif. Il est révélateur que, dans la semaine qui a précédé le reconfinement, plusieurs ministres (à croire qu’il s’agissant d’un élément de langage) aient expliqué qu’un « tour de vis » était indispensable. Surveiller et punir semblait être le seul registre possible à leurs yeux.
D’aucuns nous répondront que la critique est aisée et qu’il fallait bien faire quelque chose. Ils argueront de l’insuffisance du nombre de lits en soins intensifs (moitié moins qu’en Allemagne) qui vient de loin et qui n’est pas de la responsabilité de cet exécutif-là. C’est exact. Mais qu’a-t-il fait, cet exécutif, pendant ces derniers mois pour en accroître « quoi qu’il en coûte » le nombre ? Qui, sinon l’État s’est montré inapte à mettre en œuvre une stratégie efficace et coordonnée de dépistage ? Qui enfin, sinon le président de la République, affirmait, sûr de lui, le 14 juillet dernier que « nous serons prêts » en cas de deuxième vague ?