J’ai lu et aimé : « Face à l’obscurantisme woke », dirigé par Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren

Après avoir été déprogrammé par son éditeur (les Presses universitaires de France), l’ouvrage collectif « Face à l’obscurantisme woke », dirigé par Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren est disponible. Un livre essentiel dans la prise de conscience quant à la nature extrémiste et parfois dangereuse d'une idéologie aux multiples ramifications. Nature extrémiste confirmée le jour même de la parution, la vitrine des PUF a notamment été taguée avec l’inscription « Féministes contre la propagande fasciste ».

Retrouvez toutes nos 
en cliquant sur ce lien.


RESUME DE L’EDITEUR :

Le wokisme est aujourd’hui un mouvement bien identifié et analysé. Se parant de la légitimité universitaire et se réclamant d’une démarche scientifique, cette idéologie n’en constitue pas moins une formidable régression de la rationalité et de l’universalisme : sous ses atours vertueux, ce dogmatisme fait le lit de l’obscurantisme.

Née dans les départements de sciences humaines, la pseudo-science militante envahit désormais la médecine et les sciences dures et étend son influence bien au-delà de l’Université. Elle s’impose par l’intimidation et récuse toute critique en l’assimilant à une « panique morale ». C’est pourtant une réalité : la déconstruction systématique du savoir trahit l’esprit scientifique au cœur des institutions chargées de sa défense, et, en aggravant le déclin de l’enseignement, forge un monde de post-vérités où s’engouffre une jeune génération condamnée à la déraison. En fragilisant le socle de références communes, ce courant alimente le communautarisme et fracture la nation en un véritable kaléidoscope identitaire.

Vingt-six universitaires révèlent les implications multiples de ce recul du savoir d’où menace d’émerger une humanité diminuée


Dirigés par Xavier-Laurent Salvador, Emmanuelle Hénin et Pierre Vermeren
Collection : Hors collection
Discipline : Droit et Science politique
Catégorie : Livre et assimilé
Date de parution :30/04/2025
Face à l’obscurantisme woke | PUF

« FACE A L’OBSCURANTSME WOKE » : UN TOURNANT DANS LE COMBAT CULTUREL

Par Laurent Sailly

Pendant plusieurs semaines, les Presses universitaires de France (PUF) sont au centre d’une polémique.

Lire - « Face à l'obscurantisme woke » : la liberté académique en danger

Les défenseurs de la liberté d'expression reprochent à l'éditeur d'avoir tenté de censurer le livre intitulé Face à l'obscurantisme woke, dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren sous la pression d’un professeur au Collège de France, Patrick Boucheron, intellectuel classé à gauche.

Lire - Pierre Vermeren : "Le Collège de France utilise un pouvoir d'intimidation que je découvre"

Le vendredi 7 mars, lors d’une conférence de presse à l’occasion d’une journée de mobilisation contre les coupes budgétaires opérées par Donald Trump au sein de la recherche américaine, il s’indigne : « On trouve aussi quelques idiots utiles dans l’Université. Il y a des livres qui continuent de paraître. Il y en a un aux Puf qui s’appelle Face à l’obscurantisme woke. Aux Puf ! Aux Puf ! ».

La presse de gauche s'émeut, quant à elle, de voir publier par les PUF un livre sponsorisé par un mécène « réactionnaire », le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, qui finance l'Observatoire de l'éthique universitaire, dont certains des auteurs du livre sont membres.

Fin mars, alors que la parution était annoncée pour début avril sur le site des PUF et sur les réseaux sociaux, la direction annonce dans un communiqué qu’elle suspend la publication. « À deux doigts de se trumpiser en publiant un pamphlet antiwoke, les éditions Puf rétropédalent », peut-on lire dans Le Nouvel Obs.

Programmée initialement le 9 avril, la publication a finalement été commercialisée le 30 avril, dans sa version première. Dans une note de l’éditeur en préambule, Paul Garapon – qui avait curieusement justifié ce report par le « contexte » international qui a évolué depuis l'élection de Donald Trump et les doutes entourant le rôle supposé de Stérin – revient sur les raisons du report. : « La maison d'édition a suspendu la publication pour prendre le temps de défaire les amalgames et de rétablir la vérité des faits, dans l'attente d'un retour à la sérénité. C'est aujourd'hui chose faite. De surcroît, nous avons désormais la confirmation que l'ouvrage n'a bénéficié d'aucune subvention ni aide à l'édition d'aucune sorte ». Il développe également les motivations de cet ouvrage collectif, « qui entend s'opposer aux dérives du wokisme avec l'objet d'en discuter les impensés par des arguments entrant dans le cadre d'un débat intellectuel de bonne tenue, tout en ménageant un nécessaire pluralisme de sensibilités et d'opinions des contributeurs ».

La logique d’intimidation aura continué jusqu’au jour même de la publication du livre puisque les locaux des PUF ont été vandalisés.

Lire - La semaine du FigaroVox - Face à l’obscurantisme woke, le livre que devrait lire Emmanuel Macron

Lire - Face à l’obscurantisme woke: ce que contient le livre que les wokistes ont voulu censurer

Vingt-six professeurs d'université, philosophes, chercheurs, ingénieurs, scientifiques, sociologues, essayistes… réputés pour leur attachement à l'universalisme républicain, à la laïcité et à la liberté d'expression font partis du collectif. Le livre est composé de trois parties : « La subversion des institutions », « Science sans conscience » et « Fracturations identitaires ».

Les auteurs analysent l'anatomie, la doctrine et les modes d'action propres du wokisme, comme le racisme systémique, la transition de genre, le privilège blanc, la victimisation, la théorie du genre, le féminisme décolonial, l'intersectionnalité, la cancel culture, les micro-agressions…

Lire - On a lu « Face à l’obscurantisme woke » : autopsie d’une polémique éditoriale

Introduction. Les raisons d’une déraison par Emmanuelle Hénin

« Élitiste, totalitaire et systémique », selon l'universitaire, cette idéologie ne serait pas aussi influente sans l'accompagnement de certaines élites et institutions.

« Ce qui caractérise le mouvement woke, c’est son ignorance et la pauvreté abyssale des raisonnements qu’il propose, ce n’est clairement pas une idéologie charpentée, structurée comme pouvait l’être le marxisme ou le maoïsme, analyse Emmanuelle Hénin avant de pointer les contradictions évidentes du mouvement : Ne pas cesser de revendiquer les droits des femmes tout en clamant que la femme n’existe pas, il faut le faire. Encore hier, je suis tombée sur la vidéo d’une enseignante à Sciences Po expliquant qu’on ne peut pas garder la devise “Liberté, Égalité, Fraternité” car le mot “fraternité” exclut les femmes. Ce type de raisonnement absurde, on en trouve à la pelle par des gens qui sont pourtant professeurs ou professeurs des universités », raconte-t-elle au téléphone, mi-amusée, mi-dépitée. Et de conclure : « Nous sommes dans un délire idéologique, mais plus profondément dans une contre-révolution scientifique. »

(extrait de l’article du Figaro Magazine : Face à l’obscurantisme woke: ce que contient le livre que les wokistes ont voulu censurer)

Première partie. La subversion des institutions

chapitre 1. Wokisme : les raisons d’un succès par Nathalie Heinich

La sociologue se penche sur les mécanismes de solidarité et le rôle des réseaux sociaux dans l'expansion du wokisme.

chapitre 2. Wokisme et « panique morale » : du déni des phénomènes à l’évitement du débat par Sami Biasoni

chapitre 3. L’institution scolaire à l’heure de la dénonciation des « codes de la culture dominante » par Xavier-Laurent Salvador

Dans ce chapitre, le maître de conférences, souligne un retournement paradoxal : l'émancipation scolaire, traditionnellement perçue comme un facteur d'ascension sociale, devient un « outil d'oppression » dans la rhétorique décoloniale.

chapitre 4. La fabrique d’une utopie et son imposition totalitaire par Céline Masson

Psychanalyste et universitaire, l’autrice examine le wokisme sous l'angle d'une utopie militante, qui cherche à imposer ses dogmes par des moyens totalitaires. Elle met en avant l'émergence des « académo-militants », qui défendent une vision idéologique des identités et imposent une lecture victimaire de la société. « Faire d'un symptôme psychologique une identité politique fondée sur le simple déclaratif “je suis ce que je dis” relève d'une utopie », écrit-elle.

chapitre 5. Des Lumières à l’éveil : accords et désaccords entre le libéralisme et l’idéologie woke par Pierre Valentin

L’auteur s'intéresse à la tension entre le libéralisme et le wokisme, en mettant en évidence leurs divergences, bien que ces deux courants se partagent un même espace libéral. La volonté de museler celui qui est perçu comme un agent du mal, au nom de la lutte contre les « nuisances » et la défense du « constructivisme », sont précisément à l'opposé de la culture libérale.

chapitre 6. Le wokisme des grandes entreprises mondialisées au XXIe siècle : pourquoi et jusqu’où ? par Michel Albouy

chapitre 7. Le CSA, temple caché du wokisme  ? Décryptage du « baromètre de la diversité » par Vincent Tournier

Le maître de conférences en science politique, analyse le rôle du CSA, devenu Arcom, dans la diffusion des idées wokistes à travers son baromètre de la diversité. « L'histoire retiendra que c'est d'une institution républicaine qu'est venue la réhabilitation d'une classification raciale que l'on croyait révolue. »

chapitre 8. Le christianisme est-il soluble dans le wokisme ? par André Perrin

L’agrégé de philosophie affirme que « le mouvement woke (d'origine protestante) a en commun avec les religions de fournir une explication globale du monde », en plus de quelques procédés d'action.

Deuxième partie. Sciences sans conscience

chapitre 9. Programmés pour se tromper ? La nature humaine et l’idéologie par Samuel Fitoussi

chapitre 10. La science occidentale en procès : wokisme, constructivisme et obscurantisme par Nicolas Weill-Parot

chapitre 11. L’université contre Darwin. Le déni de la biologie et de la théorie de l’évolution dans les sciences sociales par Leonardo Orlando

Le docteur en sciences politiques, qui a vu un de ses cours sur Darwin annulé à Sciences Po écrit « Dans les départements de sciences sociales, les théories devenues hégémoniques contredisent ouvertement la biologie et tout ce qui a été scientifiquement établi sur l'évolution de notre espèce. Il y règne ce que le philosophe Michael Shermer nomme le “créationnisme cognitif”, dogme selon lequel les êtres humains sont des pages blanches forgées par la socialisation »

chapitre 12. Idéologie, science et pratique biomédicale par Andreas Bikfalvi

chapitre 13. L’emprise idéologique en sciences : l’oncologie clinique, un cas d’école ? par Joseph Ciccolini

chapitre 14. La psychologie clinique à l’ère de la morale totale par Florent Poupart

chapitre 15. Situation des lettres à l’Université par Claude Habib

chapitre 16. Post-modernisme et dogmatisme woke triompheront-ils de la démarche scientifique ? par Claire Laux et Xavier Labat Saint Vincent

Troisième partie. Fracturations identitaires

chapitre 17. De l’identité à l’identitarisme : une dérive idéologique non sans effets sociopolitiques par Michel Messu

Selon le sociologue, cette quête d'identité des minorités, qui est au cœur du wokisme, prend un aspect identitariste, qui revient à « faire disparaître le citoyen au profit d'une entité catégoriale qui le fractionne, qui lui devient hostile et, partant, antagonique ».

chapitre 18. Comment intégrer les enfants d’immigrés par temps d’ignorantisme ? par Pierre Vermeren

Fort pertinent et instructif, l'article de l'historien sur l'intégration des enfants d'immigrés par « temps d'ignorantisme » apparaît comme un intrus dans cet ensemble dédié à « l'obscurantisme woke ».

chapitre 19. Wokisme, de l’intersectionnalité au multiculturalisme : l’enterrement de l’égalité par Guylain Chevrier

chapitre 20. Identité, délinquance et radicalisme islamiste : des liens profonds à comprendre par Tarik Yildiz

chapitre 21. Le voilement, instrument du « système-islam » par Florence Bergeaud-Blackler

chapitre 22. De la dhimmitude volontaire par Renée Fregosi

Pour la docteure en philosophie « Si la soumission institutionnelle de la dhimma (régime juridique auquel sont soumis en terre d'islam les non-musulmans) n'existe plus aujourd'hui dans les rares pays musulmans tolérant encore la présence de quelques juifs (Maroc et Tunisie) et de chrétiens souvent très malmenés (comme les Coptes en Égypte), sa trace mentale persiste dans l'imaginaire musulman sous la forme d'une sujétion de principe, d'une “dhimmitude” implicite. Les non-musulmans seraient des êtres inférieurs devant obéissance à la charia et respect aux musulmans. »

chapitre 23. Les biais militants dans le traitement des inégalités entre hommes et femmes par Cyrille Godonou

Epilogue. Plaidoyer pour l’universalisme par Pierre-André Taguieff

Subventions européennes, chasses aux sorcières, institutions gangrenées: 

comment l’université est noyautée par l’islamo-wokisme

ENTRETIEN - Le professeur d’histoire Pierre Vermeren et le linguiste Xavier-Laurent Salvador, qui ont codirigé Face à l’obscurantisme woke (PUF), racontent la levée de boucliers déclenchée par ce livre. Ils dévoilent l’ampleur du phénomène woke, son influence au sein de nos institutions ainsi que ses ressorts idéologiques, mais aussi financiers.

LE FIGARO. - Pourquoi ce livre et pourquoi a-t-il fait couler tant d’encre avant même sa sortie ?

Xavier-Laurent SALVADOR. -
Ce livre répond à une réalité qui nous heurte depuis six ans, à l’Observatoire du décolonialisme. Celui-ci réunit des gens qui alertent et documentent l’émergence de l’obscurantisme woke à l’Université. Ce n’est pas nous qui l’appelons woke, on assiste au développement endémique des idéologies identitaires, que nous considérons comme un obscurantisme. Nous documentons, par nos rapports et nos livres, cette dimension qui fout en l’air le système académique, du recrutement à la recherche, en substituant de fausses sciences aux postulats disciplinaires qui ont permis de structurer l’Université. Il s’agit de documenter pour renseigner le grand public au sujet de ce lieu mystérieux, qui fait peur à tout le monde, appelé université. L’université fait peur, on n’ose pas y rentrer. C’est un lieu autonome et seuls les universitaires peuvent documenter la question et y répondre. C’est notre mission de moine-pèlerin itinérant d’alerter le politique et la population.

À lire aussi Face à l’obscurantisme woke : l’histoire secrète de ce livre qui fait polémique avant même sa sortie

Pierre VERMEREN. - C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui en France, l’Université compte entre 1,7 et 2 millions d’étudiants. Or nous sommes dirigés par des gens qui ont fait Sciences Po et l’ENA. Hormis quelques professeurs de droit, ils n’ont aucune connaissance de l’intérieur des universités. C’est un monde où ils n’envoient pas leurs enfants et dans lequel ils n’ont pas étudié. Ils délèguent à des universitaires (qui sont encore relativement bien choyés) et nombreux (88.000), la formation de 2 millions de jeunes sans savoir ce qui s’y passe. L’autonomisation de l’Université a considérablement aggravé cette dérive : l’État laisse sombrer plus de la moitié d’entre elles dans des déficits graves. Macron a doublé le nombre d’étudiants étrangers sans toucher aux moyens, ce qui a accéléré l’appauvrissement des formations. Le problème est structurel. D’ailleurs, les ministres de l’Enseignement supérieur nommés par Macron sont des scientifiques inconnus, ces universitaires n’ayant aucune marge de manœuvre : la fonction vient même de disparaître. Cela en dit long sur le désintérêt total de l’État.

Subventions européennes, chasses aux sorcières, institutions gangrenées: comment l’université est noyautée par l’islamo-wokisme