«La loi sur l’aide à mourir fera de la mort une thérapie parmi d’autres» : 575 juristes alertent sur les risques de dérive - Par Tribune collective
FIGAROVOX/TRIBUNE - La proposition de loi sur l’aide à mourir devrait être votée le 27 mai à l’Assemblée nationale. 575 juristes l’ont analysée et dénoncent ses effets liberticides à l’encontre des opposants à l’euthanasie et sa souplesse face aux risques de dérive.
Depuis plusieurs années, la situation tragique de compatriotes confrontés à des maladies incurables, à de grandes souffrances ou à des fins de vie éprouvantes a légitimement ému l’opinion publique. Face à de tels drames et de telles blessures, qu’elles touchent des proches ou des inconnus, nul ne saurait demeurer insensible. En de telles circonstances, la puissance publique a le choix entre deux solutions : donner au corps médical les moyens satisfaisants pour accompagner la vie souffrante ou finissante et en soulager les douleurs (ce que l’on appelle les «soins palliatifs»), ou bien permettre que ces vies abîmées soient écourtées, c’est-à-dire que la mort soit administrée au patient, soit par le requérant lui-même (suicide assisté) soit par un soignant (euthanasie). Si la France fut précurseur en matière de soins palliatifs, elle souffre aujourd’hui d’un manque criant de moyens permettant à chacun d’en bénéficier et s’engage sur le chemin de la régression.
En effet, une nouvelle proposition de loi ouvrant «l’aide à mourir» a été déposée, discutée et adoptée en commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale le 2 mai 2025. Le texte est discuté en hémicycle avant d’être envoyé au Sénat. Professionnels du droit – universitaires, magistrats, avocats, notaires, juristes –, nous alertons nos concitoyens sur l’injustice qui consisterait à qualifier la mort de soin, et les graves conséquences qu’un tel bouleversement de notre ordre juridique ne saurait manquer de susciter dans notre société déjà fracturée.
En son principe, la proposition de loi ouvrant «l’aide à mourir» constitue une rupture sociale et anthropologique majeure. Le suicide assisté et l’euthanasie deviendraient un «droit» opposable. La vocation des médecins et des infirmiers est de soigner, d’accompagner, de soulager ; non de donner la mort. Ce texte met en péril le caractère irremplaçable et précieux de chaque vie humaine et modifie la perception que la société a du médecin. En effet, administrer la mort, c’est subvertir le geste médical, en le rendant mortifère.
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