Vie chère dans les DROM : octroi de mer, serpent de mer ? - Par Jean-Baptiste Noé

Instauré sous l’Ancien régime, cet impôt est aussi impopulaire auprès des consommateurs que nécessaire au fonctionnement des collectivités ultramarines. Sans envisager sa suppression, de nombreux élus appellent à la modernisation du dispositif, qui ne pourra être suivie d’effet que dans le cadre d’une transformation plus générale du modèle économique ultramarin. L'avis de Jean-Baptiste Noé (IREF-Contrepoints).


En Martinique comme dans tous les territoires ultramarins, le coût de la vie est sensiblement plus élevé qu’au sein de l’Hexagone : +14% en moyenne, et jusqu’à +40% sur les produits alimentaires. De nombreux facteurs concourent à cette situation, parmi lesquels l’éloignement des pôles économiques mondiaux, l’étroitesse des marchés locaux ou encore la forte dépendance de ces territoires aux importations. Alors que la Martinique s’est, à la faveur d’un mouvement social contre la vie chère, de nouveau embrasée à la fin de l’été dernier, une taxe au nom désuet semble cristalliser les critiques : l’octroi de mer.

Une taxe incomprise, qui suscite l’hostilité des populations

« L’octroi de mer, premier coupable » de la vie chère en Outre-mer ? La question est ainsi posée par des sénateurs, auteurs d’un récent rapport consacré au sujet. Publié le 3 avril, le document reconnaît que cette « exception ultramarine (…) figure au premier rang des responsables désignés de la vie chère dans les DROM ». En cause, selon les membres de la haute assemblée, le caractère particulièrement complexe de l’octroi de mer. « La transparence n’est pas là », regrettent les auteurs du rapport, selon lesquels cette taxe, perçue par les habitants des Outre-mer comme « l’octroi des maires », suscite « incompréhension » et « hostilité ».