La politique solaire et éolienne du gouvernement menace la fiabilité de notre réseau électrique - Par Vincent Bénard
La politique énergétique française prévoit d’ici à 2035 un déploiement massif de centrales électriques solaires et éoliennes. Le récent blackout en Espagne montre que cette stratégie est dangereuse pour notre sécurité énergétique, prévient Vincent Bénard (IREF).
Un réseau électrique fonctionne en équilibre permanent : à chaque seconde, la production doit correspondre à la consommation. Cet équilibre se traduit par la fréquence du courant alternatif, maintenue à 50 Hz. Si l’offre dépasse la demande, la fréquence monte, dans le cas contraire, elle baisse.
Cet équilibre est vital. Même une variation de ±0,5 Hz, minime en apparence, peut, si elle dure trop longtemps, engendrer des phénomènes vibratoires ou thermiques risquant d’endommager gravement le réseau électrique ou les équipements de ses clients.
Or, des déséquilibres temporaires sont inévitables : la demande varie constamment, des pannes se produisent, etc. La résilience est donc une exigence permanente du réseau.
L’équilibre est vital, les déséquilibres inévitables : comment alors se défend le réseau ?
Pour éviter tout dégât majeur, les réseaux ont plusieurs niveaux de défense. Le premier est leur inertie. Les centrales classiques (nucléaire, gaz, charbon, hydro) produisant l’électricité par rotation de turbines apportent une inertie mécanique qui permet de lisser ces variations. Grâce à elle, ces centrales amortissent en quelques secondes les variations de l’équilibre offre/demande et ainsi ont le temps d’adapter la puissance de leur générateur pour ramener en permanence la fréquence du réseau au plus près de 50Hz.
A contrario, les ENR intermittentes ne sont pas pilotables, sinon par un mode « on/off ». Elles ne permettent donc pas d’opposer une force d’inertie stabilisatrice si un fort déséquilibre survient.
Lorsque l’inertie n’est plus suffisante pour absorber une baisse de production ou de demande inopinée, des automatismes déclenchent des délestages : on coupe la livraison à certains consommateurs pour éviter l’effondrement global. Si cela ne suffit toujours pas, une coupure de sécurité ordonnée de l’ensemble du réseau peut être une solution.
Si cette coupure ordonnée n’était pas possible, l’effondrement du réseau se produirait de façon désordonnée et provoquerait les dégâts importants évoqués précédemment. Le terme souvent employé de blackout concerne aussi bien des coupures générales ordonnées que des effondrements de réseau fort heureusement bien plus rares.