Jean-Éric Schoettl : «Loi contre le narcotrafic, pourquoi la gauche combat-elle le réarmement de l’État ?»
Une partie de la gauche a saisi le Conseil constitutionnel au sujet de la loi contre le narcotrafic. Loin de sauver le pays de l’émergence d’un soi-disant État gendarme, elle empêche au contraire les législateurs de répondre à la demande d’ordre des Français, soutient Jean-Eric Schoettl (Le Figaro).
En ces temps de majorité introuvable et d’instabilité gouvernementale, l’immobilisme parlementaire pourrait être une tentation du «bloc central ». Il lui éviterait de s’exposer à la fureur des oppositions et au risque de censure. Mais le répit ainsi obtenu serait illusoire. Et l’attentisme serait néfaste au pays, alors que tant d’urgences - budgétaires, mais aussi régaliennes - requièrent des initiatives législatives.
Aussi, l’adoption de la loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic est-elle une heureuse démonstration de résilience démocratique. Il faut rendre à ses protagonistes (et d’abord aux ministres de l’Intérieur et de la Justice) un hommage d’autant plus appuyé que ce texte, loin de se contenter de quelques mesures symboliques mais marginales, prend à bras-le-corps l’ensemble des problématiques juridiques liées à la lutte contre le narcotrafic : organisation judiciaire, techniques d’enquête, procédure pénale, protection des témoins, tenue des audiences, conditions d’exécution des peines… Trop souvent en effet, les exigences du droit actuel, s’agissant en particulier des droits de la défense et du régime carcéral, ont été cyniquement exploitées par ces ennemis de la société bien conseillés que sont les narco-délinquants. Nombre d’entre eux ont été relaxés parce que l’établissement de leur culpabilité, quoique matériellement incontestable, était entaché d’une irrégularité de procédure. D’autres, quoique emprisonnés, dirigent leur négoce délétère depuis leurs cellules.
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On aurait donc pu espérer que cette œuvre de salut public qu’est la loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic soit élaborée dans un climat consensuel et sans susciter de clivage partisan. C’était sans compter sur le réflexe pavlovien d’une gauche pour laquelle tout déplacement de curseur dans le sens de la sécurité publique doit être combattu.