Arnaud Benedetti : Gérald Darmanin, symbole de l’impuissance étatique face à l’ensauvagement
Nicolas Sarkozy en son temps s’était fait le chantre du combat contre une néo-délinquance, celle qui sous couvert de trafics crapuleux porte aussi un message de sédition non dénué d’arrière-pensées anti-républicaines. Il fut le premier ou presque, car Jean-Pierre Chevènement, républicain d’instinct, l’avait précédé en osant désigner ce mal des « sauvageons » qui vient, y décelant les signaux d’une délinquance qui portait dans la besace de ses menaces, au-delà de ses seuls délits, un refus de notre imaginaire national et par conséquent de notre contrat social. Pris séparément, ces délits sont des faits divers - ce à quoi une certaine pensée « progressiste » et « gauchisante » voudrait exclusivement les réduire ; mis bout à bout, en perspective, ces délits sont bien évidemment un fait politique, une insurrection quotidienne de bandes parcellisées dont le but informel, chaotique mais constant consiste à subvertir par la répétition de leurs transgressions le socle commun, fruit de notre histoire civile et politique. Cette lave en fusion a tout du brouillon politique, « lumpenproletariat » communautarisé travaillé dans ses profondeurs par tout un imaginaire de ressentiments, de séparatisme, un « anti-républicanisme » en quelque sorte, nourri d’une mémoire anti-coloniale mal ravaudée, dont l’usage volontairement anachronique ne vise qu’à donner une trajectoire politique à l’énergie délinquante pour mieux précipiter le détricotage de ce que Jean-Francois Colosimo appelle dans son dernier ouvrage « la religion française ».