Arnaud Benedetti : Gérald Darmanin, symbole de l’impuissance étatique face à l’ensauvagement


Le différentiel entre les mots et les actes constitue le hiatus mortifère de toute communication politique et mutadis mutandis de toute action politique. Gérald Darmanin, tout nouveau ministre de l’Intérieur, s’efforce depuis sa nomination de combler ce fossé, héritant d’un ministère où son prédécesseur avait perdu la confiance et des Français, et du corps social de la police. Multipliant les déplacements partout où le délit le plus sordidement spectaculaire se produit, Gérald Darmanin réactive la métaphore sarkozyste, durcissant la rhétorique, recourant au parler populaire si nécessaire, s’installant dans un poste où s’efforcer de tenir le rôle plus qu’ailleurs crédite son détenteur déjà d’un certificat d’aptitude. Paraître, pour la circonstance, c’est être. À Beauvau, il faut « faire flic », ne pas trembler dans la démonstration de l’autorité, se conformer au « personnage », rencontrer l’œil de la critique politique, comme il existe une critique théâtrale, qui attestera ou non de votre capacité à endosser le costume. Là où la France saigne, il faut s’y rendre, habiter une ubiquité de tous les instants, adopter le ton martial, déclarer la guerre aux sécessions, déployer l’armature de l’autorité qui ne le cédera en rien aux petits caïds et autres délinquants.

Nicolas Sarkozy en son temps s’était fait le chantre du combat contre une néo-délinquance, celle qui sous couvert de trafics crapuleux porte aussi un message de sédition non dénué d’arrière-pensées anti-républicaines. Il fut le premier ou presque, car Jean-Pierre Chevènement, républicain d’instinct, l’avait précédé en osant désigner ce mal des « sauvageons » qui vient, y décelant les signaux d’une délinquance qui portait dans la besace de ses menaces, au-delà de ses seuls délits, un refus de notre imaginaire national et par conséquent de notre contrat social. Pris séparément, ces délits sont des faits divers - ce à quoi une certaine pensée « progressiste » et « gauchisante » voudrait exclusivement les réduire ; mis bout à bout, en perspective, ces délits sont bien évidemment un fait politique, une insurrection quotidienne de bandes parcellisées dont le but informel, chaotique mais constant consiste à subvertir par la répétition de leurs transgressions le socle commun, fruit de notre histoire civile et politique. Cette lave en fusion a tout du brouillon politique, « lumpenproletariat » communautarisé travaillé dans ses profondeurs par tout un imaginaire de ressentiments, de séparatisme, un « anti-républicanisme » en quelque sorte, nourri d’une mémoire anti-coloniale mal ravaudée, dont l’usage volontairement anachronique ne vise qu’à donner une trajectoire politique à l’énergie délinquante pour mieux précipiter le détricotage de ce que Jean-Francois Colosimo appelle dans son dernier ouvrage « la religion française ».

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