Maxime Tandonnet : Non, le macronisme n’est pas un sarkozysme!
Cette perception des choses, largement banalisée, tient principalement à des choix de personnes. M. Castex, le nouveau Premier ministre, a servi à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et M. Darmanin, ministre de l’Intérieur, est considéré comme proche de ce dernier et s’inspirant fortement de son style. À cela s’ajoutent la nomination à la Culture de Mme Bachelot, qui fut membre du gouvernement sous le quinquennat Sarkozy et le maintien de M. Le Maire au ministère de l’Économie et des Finances, lui aussi ancien ministre à la même époque.
La composition de l’équipe au pouvoir justifie-t-elle, à elle seule, une vision qui l’assimile à un gouvernement de l’ère Sarkozy? Oui si l’on en croit l’immense majorité des commentaires: «L’ombre de Nicolas Sarkozy sur le nouveau gouvernement» titrait ainsi Le Parisien du 8 juillet. Toutefois, cette approche soulève la question de la nature même de la politique: peut-elle se limiter à n’être qu’une affaire de personnes, de ralliements, de débauchages, de combinaisons et d’affichage? Doit-elle se réduire à des questions de posture, de réseaux, de calculs et de jeux de rôle? La politique ne serait-elle rien d’autre qu’un vaste théâtre d’ombres? Bref, faut-il s’en tenir uniquement à l’écume des choses?
Les tribulations politiciennes n’en finissent pas d’effacer les véritables sujets de fond. En vérité, par-delà les slogans - du «nouveau monde» au «nouveau chemin» - une seule question mérite d’être posée: l’équipe au pouvoir - dont les deux piliers sont un chef de l’État, ex-ministre de l’économie d’un gouvernement socialiste, et sa majorité parlementaire largement issue de ce même courant - s’est-elle authentiquement convertie à une vision de la société, de l’économie, de la France en Europe et dans le monde, alignée sur celle des gouvernements de droite, en particulier ceux présidés par M. Sarkozy?