Gilles-William Goldnadel et Arnaud Benedetti : Mais pourquoi accepte-t-on de Jean-Luc Mélenchon ce qu’on ne tolérerait jamais de l’extrême droite ?


Atlantico : A travers la minimisation des aspects criminels de l’URSS, la négation des séparatismes, le soutien aux communautarismes, l’adhésion aux mesures de restriction des libertés au nom du climat... comment expliquer que la parole de Jean-Luc Mélenchon ne soit pas autant remise en question que certaines positions de l’extrême droite ? Comment expliquer ce deux poids, deux mesures ?

Arnaud Benedetti :
Pour une raison qui parcourt toute l’histoire du rapport du monde intellectuel à la gauche en France, selon laquelle celle-ci dispose par immanence d’un régime de bienveillance universelle. Il ne peut y avoir de mauvaise gauche ; certaines d’entre elles peuvent se tromper , faire fausse route, renoncer parfois à leurs vertueuses intentions , elles sont comme l’homme de Rousseau : " bonnes " par nature. Donc cet à priori catégorique , cette " essence " dont on les crédite les affranchit de toute forme de suspicion. Peu importe que les faits plaident parfois implacablement contre certaines de ces gauches , peu importe les crimes qu’elles ont pu couvrir dans certaines séquences tragiques et sanglantes de l’histoire, c’est leur intention de "faire le bien " qui les immunise . Elles sont comme délivrées religieusement d’une forme de péché originelle. Cette dimension messianique les absout . Jean-Luc Melenchon bénéficie de la sorte comme d’autres avant lui de cette présomption d’innocence ad aeternam. Cette étanchéité à toute remise en cause morale, fondée sur le préjugé d’une absolutisation du bien qui serait consubstantielle à la gauche dans son ensemble , ne résiste pas à l’analyse empirique de l’histoire. Mais cette pensée qui va à l’encontre au demeurant de la rationalité dont les gauches se veulent les héritières est une constante de notre histoire politique . Elle continue de peser lourdement sur les conditions d’exercice de notre débat public. Elle le vice jusqu’à faire intérioriser aux droites françaises un complexe d’infériorité morale. La gauche bénéficie , au travers d’un inconscient empreint de religiosité, d’un antidote dont les droites françaises sont dépourvues . C’est ainsi que les gauches de gouvernement ont toute latitude pour s’allier avec qui elles veulent sur leur gauche, y compris avec les courants les moins enclins à défendre les principes de la démocratie libérale.

Gilles-William Goldnadel : Ce n’est pas M. Jean-Luc Mélenchon lui-même vraiment qui bénéficie de cette manière d’indulgence, voire d’impunité intellectuelle, morale et médiatique. C’est l’extrême gauche. C’est la pensée d’extrême gauche qui depuis toujours a bénéficié de cette clémence particulière alors même que, comme vous l’avez souligné, elle a accouché des pires crimes de l’histoire, que ce soit le stalinisme, que ce soit le maoïsme. L’ensemble du communisme, l’ensemble des catastrophes économiques, démocratiques, politiques ont pour origine la plupart du temps les théories d’extrême gauche totalement désincarnées et qui débouchent sur une pratique épouvantable. Il n’y a malheureusement rien de nouveau sous le soleil noir des médias. En réalité, il faut bien comprendre cette indulgence par le fait que l’extrême gauche est même encore maintenant, même si les choses ont tendance à évoluer lentement mais surement, toujours en majesté dans les médias. Quand vous regardez la sociologie du journaliste, vous verrez que la gauche et l’extrême gauche et son extrémité sont fort bien représentés. Il y a quelques années le journal Le Monde s’était amusé dans une élection présidentielle. Cette histoire doit avoir quinze ans mais les choses n’ont pas tant évolué que cela. On aurait pu penser que c’était Lionel Jospin le favori du service de politique générale. C’était en réalité Olivier Besancenot. Cela en dit long sur cette majesté médiatique de ce que j’appelle « l’Eglise cathodique », non pas catholique mais cathodique. C’est une église qui a ses grands prêtres et ses petits clercs. Vous ne pouvez pas expliquer autrement cette impunité et cette indulgence que par le biais non seulement des médias mais évidemment de ce que j’appelle avec beaucoup de réticence le monde intellectuel. Il est clair que dans les universités ou dans les écoles de journalisme, vous avez le même phénomène dont d’ailleurs l’intolérance s’accroit particulièrement. J’ouvre une sorte de parenthèse mais l’intolérance que vous voyez en ce moment dans le monde intellectuel et notamment dans le monde universitaire s’explique par le fait que l’empire médiatique de la gauche est quand même en train largement de s’écrouler. Raison pour laquelle ils sont obligés de devenir hargneux. Avant ils étaient hautains et dédaigneux. Ils étaient excluant. Aujourd’hui, ils sont obligés d’être hargneux.

On ne peut pas expliquer les choses autrement que par le biais médiatique.

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