15 août 1638 : l'Assomption devient une fête nationale avant la lettre
Si la célébration de l’Assomption de la Vierge est présente dans le calendrier depuis le VIe siècle, c'est sous le règne de Louis XIII qu'elle prend un relief particulier. Celui-ci, dans l'attente anxieuse d'un héritier, promet de consacrer la France à Marie, si Elle répond favorablement à sa demande.
En novembre 1637, un texte est soumis au Parlement de Paris.
Par ce texte, le fameux « vœu de Louis XIII », le roi instaure les processions du 15 août durant lesquelles les sujets doivent prier Dieu et la Vierge pour les heureux succès du roi. En outre, chaque église du royaume se doit, dans la mesure où l'église elle-même n'était pas sous le patronage de la Vierge, de consacrer sa chapelle principale à la « Reine des Cieux ». Louis XIII promet enfin d'élever un nouveau maître-autel dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que d'offrir un nouveau groupe sculpté à la cathédrale.
Aujourd'hui encore, à Notre-Dame, la procession annuelle est conclue par la lecture solennelle, par un évêque, de ce vœu royal. La continuité qui marque, à l'exception des années révolutionnaires, la célébration du 15 août est ainsi devenue un des symboles de la continuité de l'histoire de France au-delà des changements de régimes et des évolutions de société. Un acte de foi qui date de près de quatre siècles a encore des conséquences jusque dans nos jours de repos légal.
Consécration de la France à la Sainte Vierge
Texte du vœu prononcé par Louis XIII le 10 février 1638
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l'église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre .
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu'à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d'autant qu'il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.