France / Algérie : ce sera œil pour œil, dent pour dent. Mieux vaut tard… Par Dominique Labarrière


La France a finalement décidé de riposter. L’Élysée a annoncé hier [NDLR : 15 avril 2025] l’expulsion de douze agents algériens et le rappel de notre ambassadeur à Alger, en réponse symétrique à une mesure similaire prise par les autorités algériennes. Cette brusque montée des tensions diplomatiques fait suite à la mise en examen, à Paris, de trois ressortissants algériens soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement d’un opposant au régime, exilé en France. Dans ce contexte, alors que l’écrivain Mario Vargas Llosa vient de s’éteindre, pourquoi ne pas envisager de confier son siège vacant à l’Académie française à Boualem Sansal — toujours injustement détenu par le régime militaire algérien?


Après la danse des sept voiles, voilà que survient la riposte tranchante et ferme. Après les simagrées, les obséquiosités avilissantes et surtout stériles de la diplomatie sirupeuse déployée par le ministre Barrot, voilà que l’Élysée se décide à passer à la fermeté et tape enfin du poing sur la table. Hier, un communiqué est tombé, annonçant la stratégie nouvelle du dent pour dent, œil pour œil. Que n’y a-t-on songé plus tôt ? Dès les premières humiliations, dès les premières mauvaises manières subies ? Le régime d’Alger n’y aurait-il pas alors regardé à deux fois avant de jeter en taule notre écrivain Boualem Sansal qui, au-delà du fait qu’il soit âgé et malade, est avant tout et surtout innocent des inepties dont on l’accuse ?

La peur de l’escalade

Donc, l’Élysée, en parfaite symétrie avec le nouveau sale coup porté contre nous par l’administration du président Tebboune, annonce « l’expulsion de douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France. » Ce pays disposant chez nous de pas moins de vingt consulats, dénicher les douze expulsables ne devrait pas être trop difficile.

Sera-ce suffisant ? Il faut le souhaiter. Car il n’y aurait rien de bien bon à attendre si, dans son imprévisibilité, le régime algérien saisissait là l’opportunité d’entrer dans une escalade de rétorsions dont on ne sait trop où elle pourrait nous conduire. Il est donc à espérer que l’Élysée ait non seulement mesuré ce risque, mais qu’il se soit également préparé à une épreuve de force qui n’en serait qu’à son commencement.

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Des questions de ce genre se posent, bien sûr. Cela dit, il convient de saluer cette réaction de fermeté, qui, mine de rien, redonne quelque couleur à notre sentiment de fierté nationale, cette fierté si bien vue par l’historien Stora quand elle est algérienne et si complaisamment conspuée par le même quand elle est française.