Déficit commercial le décrochage français - Note de l'IFRAP
En 2024, le déficit commercial des biens continue de se résorber : il atteint -81 Mds € et -44,6 Mds € hors énergie et hors matériel militaire (méthodologie des Douanes) sans toutefois renouer avec les niveaux pré-Covid (20 à 35 Mds € hors énergie et hors matériel militaire)*. Mais depuis 2004, la balance commerciale de la France reste durablement en déficit. Le déficit est particulièrement marqué vis à-vis de la Chine (-40,8 Mds € en 2023), et dans une moindre mesure vis-à-vis des Etats-Unis (-6,6 Mds €) et des autres économies européennes, en particulier l'Allemagne (-8,6 Mds €). De plus, les secteurs où la France traditionnellement performe subissent de moins bons résultats : on peut citer l’agroalimentaire, l’automobile ou l’industrie pharmaceutique qui ont marqué le pas.
Le commerce extérieur est une des composantes essentielles de notre croissance. À chaque importation, notre PIB baisse et pour chaque exportation, il augmente. Malgré ses nombreux atouts, le décrochage de la France est réel, signe d’un manque de compétitivité. Notre part de marché recule pour s’établir à 2,6% des exportations mondiales. Si la structure de production fait que certaines importations sont utilisées comme intrants qui seront affectés à la production de biens de consommation ou de biens d’équipements domestiques ou exportés, les conséquences n’étant donc pas si mécaniques, le déficit commercial français s'explique d'abord par la faible part de l'industrie dans l'économie. Les causes de cette désindustrialisation sont connues : trop d'impôts et de charges sur les entreprises par rapport à nos concurrents européens, le poids des normes également.
Avec les tensions commerciales qui se font jour entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne, et les promesses de taxes douanières qui risquent de nous affecter, l’équilibre de la balance commerciale revêt une autre dimension : celle de la souveraineté économique. La France et l’Europe en ont fait l’expérience avec la crise Covid puis la crise énergétique. Aujourd’hui c’est dans l’automobile et plus généralement dans les biens d’équipement nécessaire à la transition écologique que les Européens constatent la mainmise de la Chine sur des composants essentiels (batteries). C’est pourquoi il est urgent de lever les freins au rétablissement de la compétitivité française et d’encourager la R&D dans notre pays. La Fondation IFRAP recommande de baisser les impôts de production qui pèsent sur les entreprises, en particulier les entreprises exportatrices, au moins de 10 à 20 Mds €. Il est urgent également d'évaluer les normes françaises et européennes qui pèsent sur les entreprises, notamment celles qui allongent les délais d'installation de nouvelles capacités de production. Enfin, il faut encourager l'investissement dans la R&D, par des incitations fiscales type CIR ou IFI-PME.