Nicolas Baverez : «Les défis de l’Église après les révolutions du pape François»

L’Église est au bord de la rupture et de l’éclatement, polarisée entre conservateurs et progressistes, spirituels et identitaires, Nord et Sud. Le chantier qui se présente devant le successeur du pape François est immense.


La disparition du pape François a provoqué une émotion planétaire, qui confirme l’aura mondiale et l’autorité morale dont il bénéficiait, dépassant largement la communauté formée par 1,4 milliard de catholiques. Pour autant, son pontificat s’achève sur un héritage ambigu et controversé qui laisse l’Église devant des défis majeurs, au premier rang desquels la préservation de son unité.

François a incontestablement été fidèle à sa promesse de s’affirmer comme le pape de la mondialisation et du Sud, du peuple et des pauvres. Il a érigé les migrants en symbole des blessures et des souffrances de l’humanité. Il n’a cessé de prêcher pour les ponts contre les murs. Il a multiplié les voyages sur tous les continents à l’exception de l’Europe. Il a porté une parole de paix et proposé sa médiation dans de nombreux conflits, parfois avec succès comme en Colombie.

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Il a défendu avec passion une écologie intégrale dans l’encyclique Laudato si’, publiée en 2015, qui érige le respect des peuples et de l’environnement en condition d’une paix durable. Il a utilisé l’épidémie de Covid pour rappeler avec force la vocation unique de l’humanité et l’exigence de la fraternité, martelant le 27 mars 2020 que « nous sommes une communauté mondiale naviguant sur le même bateau ».

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