Joseph de Maistre "Considérations sur la France" (1797) : Le triomphe paradoxal de la modernité - Par François Huguenin

Quelques années seulement après Burke, Joseph de Maistre entreprend une critique frontale des principes de la Révolution française dans une langue de feu et fonde ainsi la pensée réactionnaire. François Huguenin montre ici que Maistre, paradoxalement, loin de renouer avec la tradition classique du politique, bâtit une autre posture de la modernité.

Œuvre collective : De Platon à Soljenitsyne, revenir aux sources de la pensée politique (mechantreac.blogspot.com)

FRANCOIS HUGUENIN, essayiste et historien des idées, enseigne l'histoire des idées politiques à l'Ircom de Lyon et collabore régulièrement à l'hebdomadaire La Vie.

Les Considérations sur la France paraissent en 1797. Pour la première fois, les victimes de la Révolution parlent, non pour gémir ou insulter, mais pour comprendre ce qui s'est passé et aussi pour envisager l'avenir probable. Joseph de Maistre est le premier à ne pas critiquer la Révolution pour l'une ou l'autre de ses mesures ou pour ses " excès ", mais à la rejeter tout entière, dans son principe, comme contraire à la nature même de l'homme, création de Dieu. Bien plus,. il met en évidence l'irrésistibilité de ce gigantesque chambardement et son caractère paradoxalement quasi " sacré ". La Révolution serait ainsi une punition du Ciel car rien n'est le fruit du hasard. Un texte essentiel pour comprendre la perception de la Révolution par la réaction.