L’islam est-il compatible avec les valeurs de liberté ? - Par Jean-Philippe Delsol

Cette question est plus fondamentalement celle de la compatibilité de l’islam avec les valeurs occidentales de liberté, de responsabilité, de démocratie… D’une manière générale, l’islam peut permettre le libéralisme économique par indifférence, parce qu’il ne s’en occupe pas ; il admet certaines libertés privées, mais il nie le libre arbitre de l’homme. Il ne peut donc pas être libéral dans son acception pleine, et non seulement économique, qui croit que la liberté est au fondement de toute humanité — pour permettre la recherche par chacun de ses propres fins — et qui fonde l’avenir et la prospérité des civilisations sur la liberté humaine.

L’espoir Mo’tazilites

C’est vrai qu’à l’origine tout n’était pas perdu pour la liberté humaine en terre d’Islam. A Baghdâd se développa le mouvement des Mo’tazilites dès le IIème siècle de l’Hégire dont « la doctrine est centrée sur deux principes : à l’égard de Dieu, principe de la transcendance et de l’Unité absolue ; à l’égard de l’homme, principe de la liberté individuelle entrainant la responsabilité immédiate de nos actes » [1]. Cette conception veut que les hommes soient responsables de leurs actes, donc libres conformément à cette sourate du Coran selon laquelle « Celui qui fait le bien, le fait pour soi-même ; celui qui fait le mal, le fait contre soi-même » [2]. Cette idée était proche de l’aristotélisme selon lequel, à la différence de l’animal, l’homme est libre de faire le bien ou le mal et « c’est le choix que nous faisons de ce qui est bien ou de ce qui est mal qui détermine la qualité de notre personne morale » [3]. Sinon, l’idée de récompense ou de châtiment dans l’au-delà perd tout son sens. La justice divine implique que ne soient pas traités de la même manière celui qui est fidèle et celui qui ne l’est pas. L’homme est libre de ses choix, ce qui l’en rend responsable. Mais si tout ce qui nous arrive est connu de Dieu, si tout ce que nous faisons est écrit dans un registre céleste comme le Coran le dit [4], alors, quelle liberté reste-t-il à l’homme ? La doctrine Mo’tazilite, élaborée sur la notion de l’Unité divine (la Tawhid), pose donc les mêmes questions existentielles que le christianisme et elle y répond dans des termes bien proches de ceux de Saint Augustin si l’on s’en réfère à la conception Mo’tazilite selon laquelle Dieu a la préscience de nos agissements sans que cela nous empêche d’être libres parce que le savoir de Dieu est atemporel [5].

Cette notion Mo’tazilite de liberté fut à l’époque plus généralement adoptée, dans un souci aussi que la raison accompagne la foi, par les Chiites, tournés plus volontiers vers la métaphysique et l’ésotérisme, plutôt que par les Sunnites plus attachés à la lettre du Livre au point d’en être prisonniers. Le Mo’tazilisme connut un certain succès pendant les premiers siècles de l’Hégire après avoir été officiellement adopté par le Calife Abbasside al-Mâ’mûn (786/833). Sa pratique de la liberté était au demeurant relative puisqu’il institua tout aussitôt une inquisition pour poursuivre ceux qui ne se ralliaient pas au Mo’tazilisme, avant que celui-ci soit condamné au profit d’autres écoles, sunnites ou chiites, toutes favorables à la prédestination et à la négation du libre arbitre.

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