Fatiha Boudjahlat : « Cet acte horrible est la dernière chose capable de faire réagir les lâches »
Le Point : Est-il devenu impossible d'enseigner la laïcité au collège ou au lycée ?
Fatiha Boudjahlat : Ce sujet me tient à cœur et je l'aborde avec exigence scientifique. Je fais du droit et je démultiplie les sources, j'organise des débats sur des sujets comme « peut-on critiquer ou se moquer de la religion ? », sur Mila, sur les menus confessionnels ou sur le burkini. On travaille sur des supports variés qui vont du simple tweet au texte de loi, en passant par l'édito. On relève les arguments, on débat, mais je veille surtout à ce que les élèves ne puissent pas choisir le point de vue qu'ils vont défendre. C'est comme cela qu'ils comprennent qu'une opinion n'est qu'une opinion. Elle peut les vexer, et alors ? Il faut être ferme. J'ai le souvenir d'un élève qui avait refusé de faire la minute de silence après les attentats de 2015. J'ai été claire : « Vous prenez votre table, vous la retournez contre le mur, vous ne faites désormais plus partie de cette classe. » Cet élève a fait cette minute de silence et ne se souvient même plus de cet épisode aujourd'hui. Son attitude dénotait un conflit de loyauté, il ne faisait que ce qu'il supposait que ses parents attendaient de lui. Cela lui aurait permis de se dire qu'il n'avait pas trahi ses parents.