Mathieu Bock-Côté : «Les faux-fuyants sont de retour»
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En moins d’une semaine, les mécanismes habituels de neutralisation symbolique se sont réenclenchés, comme si une grande partie du dispositif politico-médiatique avait pour fonction inconsciente de détourner la signification des événements historiques, en empêchant les hommes de savoir ce qui leur arrive. Si la théorie du déséquilibré peine à revenir à l’avant-scène, et si celle du loup solitaire est en panne, le régime diversitaire fait tout pour transformer l’islamisme en manifestation parmi d’autres de «l’intolérance» et de «la haine» - telle est sa nouvelle esquive pour ne pas nommer clairement la guerre qu’il mène contre la France. Ainsi, on en a entendu expliquer que la question du blasphème ne concernerait pas exclusivement l’islam, mais aussi d’autres religions, notamment l’évangélisme et le catholicisme. On se demande si un tel propos témoigne de la persistance d’un surmoi anticlérical aussi bête qu’anachronique ou d’une simple lâcheté. La deuxième option semble la plus crédible. De même, la tentation est forte d’inscrire la question de l’islamisme dans celle, plus vaste, du «séparatisme», en y adjoignant celle du «suprémacisme blanc», ce qui confirme l’américanisation mentale d’une société qui plaque une grille de lecture étrangère sur sa réalité, et en vient même à s’inventer des problèmes imaginaires pour ne pas assumer ceux qu’elle rencontre réellement. On en a ainsi trouvé pour expliquer que la lutte contre le séparatisme impliquerait d’abord la dissolution du groupe Génération identitaire comme si les jeunes gens survoltés de cette association, quoi qu’on pense de leur engagement, étaient à ranger dans la même catégorie que les islamistes.