Néoféminisme, décolonialisme : «Arrêtons de nous excuser», la contre-attaque de Pascal Bruckner
Récidiviste
Que lui était-il reproché exactement? Ses critiques à l’encontre de l’«adolescente star» , Greta Thunberg, dans Le Figaro. «Mais quel rapport entre la militante du climat et la couleur de peau? se demandait-il. Aucun! Si un intellectuel africain critiquait la jeune Suédoise, le traiterait-on de vieux mâle noir?» D’autres à sa place, mus par un certain conformisme ou effrayés à l’idée d’être envoyés à l’Ehpad par le système médiatique, se seraient sentis disqualifiés, auraient cédé à l’air du temps et demandé pardon. Bruckner, lui, refuse d’être un «bouc émissaire». Pour l’auteur de La Tyrannie de la pénitence, il n’est pas question de s’excuser d’avoir 71 ans ou de se repentir d’être un homme. Encore moins d’expier en raison de sa couleur de peau. Ce serait aussi absurde que de s’excuser d’être noir, arabe ou juif. Le philosophe qui, derrière une apparente nonchalance, n’aime rien tant que se nourrir des critiques de ses adversaires, y voit, au contraire, une occasion de porter la plume dans la plaie. Au «sanglot de l’homme blanc» doit succéder son sursaut. D’autant qu’au-delà de son propre cas, Bruckner l’a déjà constaté, le discours racialiste, que l’on croyait banni à tout jamais, fait son retour et se banalise.