Benjamin Morel : «Avec les primaires les partis parlent d'abord au noyau réduit de leurs électeurs»

Alors que Les Républicains ont entériné l'idée d'une primaire ouverte, ce scrutin risque d'affaiblir le candidat de la droite, analyse l'universitaire.


FIGAROVOX. - Dans une tribune au Figaro , Wauquiez, Pécresse, Retailleau et Morin plaident pour une primaire ouverte de la droite. Ce mode de désignation est-il conforme aux institutions ?

Benjamin MOREL. -
Rien dans la Constitution ni dans la loi ne l'interdit. Donc, juridiquement, cela ne contrevient en rien aux institutions. Concernant l'esprit du régime, c'est une question plus ardue. Si l'on considère que la Ve République est d'abord un grand concours de beauté où s'affrontent des incarnations de la fonction présidentielle, alors la primaire est idoine. C'est une sorte de concours de Miss Auvergne avant de se présenter à Miss France. Si l'on juge que l'incarnation n'est qu'au service d'une vision pour la France, alors la primaire est en effet une étrangeté. Elle désactive le rôle des partis comme instrument de construction d'un programme et d'une alternative politiques. Ils ne sont plus que des organisateurs d’événements. Ils peuvent bien sûr faire signer aux candidats une charte leur demandant de respecter leurs valeurs, mais, in fine, ceux-ci arrivent avec leurs idées et leur programme et ce sont les électeurs qui les départagent. Les militants sont alors sommés de faire campagne pour une personnalité et des idées qu'ils n'ont pas choisies. Les primaires ont ainsi beaucoup participé à démonétiser les partis comme lieu de réflexion sur le monde et de formation d'un personnel politique compétent.

Le paradoxe tient dans ce que l'affaiblissement des partis induit par les primaires (mais aussi le quinquennat, la décentralisation et la fin du cumul des mandats) les rend aujourd'hui difficilement contournables. Jadis en effet, le parti pouvait imposer un candidat dans son espace politique. Il y avait bien sûr des candidatures dissidentes, comme en témoigne l'état de la droite en 1995, mais la situation était rare. Les barons pouvaient renâcler, mais ils finissaient par se ranger. Quand le PS ou l'UMP désignait un candidat ce dernier s'imposait à l'ensemble de l'espace en question. Si d'autres formations proposaient des candidats, ils n'étaient pas pris au sérieux par les électeurs. Aujourd'hui, cela n'est plus possible. Aucun candidat à la candidature n'accepterait une désignation unilatérale par la rue de Vaugirard. Il faut donc trouver une autre méthode de filtre… la primaire affaiblit le parti, ce qui impose la primaire, c'est un cercle vicieux.

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