Nicolas Bouzou: «La réforme des retraites est essentielle, mais ce n’est pas le moment!»
Alors que l’hypothèse d’une réforme des retraites avant la présidentielle a été avancée par l’exécutif, l’économiste explique pourquoi il faut d’abord écarter tout risque de récession. Vacciner, relancer l’économie, puis réformer: tel est selon lui l’ordre des priorités.
Nous sommes encore en crise. Ce n’est pas le moment de disperser l’action publique en improvisant des réformes tellement nécessaires qu’elles doivent être menées sérieusement quand le temps sera venu. Certes, le très fort rebond de l’économie française donne un sentiment d’euphorie et non de crise. C’est que la politique du «quoi qu’il en coûte», intellectuellement fondée et parfaitement exécutée par Bercy, a permis d’éviter le mur des faillites, de stabiliser le pouvoir d’achat moyen et de maintenir le marché du travail à flot. L’épargne accumulée depuis un an et demi finance une consommation qui, dans de nombreux secteurs, des restaurants à l’habillement, est supérieure de 15-20 % à son niveau de 2019. Certes, notre dette publique a augmenté de 20 points de PIB, mais le niveau formidablement bas des taux d’intérêt de long terme a permis d’alléger la charge des intérêts payés par l’État. Le bilan objectif du «quoi qu’il en coûte» est donc à ce stade positif: notre économie a été protégée et nos finances publiques, certes dégradées, ne sont pas en péril.
