Arnaud Benedetti : Jean Castex, la voiture-balai de l'impensé du macronisme

Aux yeux d'Emmanuel Macron, Jean Castex dispose de trois atouts. Deux d'entre eux sont explicites, le dernier est, lui, plus implicite. Premier atout, la ruralité, dont le nouveau Premier ministre est l'un des maires. La campagne est peu macroniste, elle regarde même avec une forme d'étrangeté ce jeune président surgi d'un monde lointain, à l'aise dans la mondialisation mais si peu acculturé en apparence aux linéaments de la France provinciale dont il est pourtant issu. L'élu de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, permet au chef de l'État d'opérer une triangulation métaphorique: de la “start-up nation” des grands centres urbains, un glissement s'opère ainsi vers les centres-bourgs. C'est le retour de « la République au village » , pour reprendre le titre du grand historien Maurice Agulhon.

Le deuxième atout s'inscrit là où le macronisme apparaît le plus souvent en défaut : l'aptitude à dialoguer et à dialoguer sur un terrain où le mandat présidentiel s'est jusqu'à présent vu reprocher une indifférence presque hautaine, le social. D'emblée, le successeur d'Édouard Philippe s'est déclaré « gaulliste social » , convoquant ainsi les mânes réparateurs d'un âge d'or gaulliste comme pour mieux marquer sa différence avec une pratique de trois ans d'un quinquennat bien plus managérial que conforme aux canons du paritarisme. À sa façon, en conjuguant le terrain, le territoire, voire le terroir, au social, Jean Castex s'érige comme la voiture-balai de tout l'impensé du macronisme. Il s'agit en quelque sorte de rattraper le temps perdu, au moment où l'électorat des grandes métropoles, pourvoyeuses du succès d'Emmanuel Macron en 2017, vire au vert-rose municipal.

Lire la suite sur ValeursActuelles.com